Air France, une grève à 400 millions d’euros ?

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On devrait connaître mercredi matin, 8 heures, la publication des chiffres de trafic d'Air France pour septembre, et donc le bilan chiffré qui en découle, cotation en Bourse oblige. Ces chiffres permettront sans doute d'avoir une idée plus précise du coût exact de la grève des pilotes d’Air France. Si les premières évaluations évoquaient le chiffre de 280 millions, la réalité pourrait être différente. Pour Reuters, qui aurait eu connaissance de données commerciales complémentaires, la perte s’établirait entre 350 et 400 millions.

Si les premiers calculs livrés par Air France faisaient principalement état des pertes liées aux billets non volés, accompagnés d’un dédommagement aux voyageurs, le calcul réalisé par Reuters prend en compte les pertes de réservation sur la période, les compensations à proposer aux agences de voyage sans oublier les entreprises qui, elles aussi, ont dû payer pour rapatrier des voyageurs. Au-delà, c’est la perte d’image, peu chiffrable, qui menace la compagnie française.

À l’étranger, la colère des voyageurs aura des conséquences durables. Aux États Unis, plusieurs associations socio-professionnelles sur la côte Est et Ouest invitent les voyageurs à éviter Air France qui « n’assume pas son rôle de transporteur et privilégie les conflits au détriment de ses clients ». Une vision exagérée émise au plus fort du conflit. A l’évidence, le temps va gérer les frustrations. Mais quelle sera la durée du rejet commercial ? Ni le caviar en première classe (150 à 200 kg par an), ni le champagne attendus à bord des avions d’Air France ne suffiront à gommer les besoins essentiels des voyageurs d’affaires : aller d’un point à un autre, sans encombre et à l’heure. Le cœur du savoir-faire des transporteurs aériens. Air France devra sans doute aller au-delà de la communication pour retrouver les clients. Et si les tarifs devenaient une arme de guerre commerciale ?