Amex GBT : une croissance de 2,5% attendue pour le business travel

151

Toute entière organisée autour du Baromètre du voyage d'affaires, la 26ème édition de l’EVP (Espace Voyages Professionnels) s’est tenue le 5 avril au Pavillon Cambon à Paris. Elargi à 1000 entreprises européennes, le sondage enfonce de nombreuses portes ouvertes vers les solutions d'Amex GBT, organisateur de l'événement.

Cette 26ème édition de l’EVP a fait peau neuve, s’éloignant du traditionnel salon professionnel pour devenir une tribune pour American Express Global Business Travel (GBT). Venu tout spécialement des États-Unis, Doug Anderson le patron d'American Express GBT n'a pas caché sa satisfaction face aux résultats de l'année écoulée. Si l'on veut lire entre les lignes de sa déclaration, il faudra retenir que la stratégie d'acquisition de nouveaux comptes via des efforts financiers substantiels a porté ses fruits et que la volonté d'assécher Carlson Wagonlit Travel en France est bien engagée même si, comme le dit en souriant un client actuel d'Amex, "Le choix d'une TMC c'est un peu comme un balancier, une année l'un, une année l'autre".

Côté technologie, Philippe Chérèque n'a pas manqué de souligner qu'une certaine presse professionnelle lui reprochait la lenteur des développements et la faiblesse des innovations technologiques présentées. Pour lui, Amex est dans le ton voire même en avance. Pour autant, rien de ce qui nous a été montré n'est réellement neuf. Il évoque une solution mobile évoluée, un chat intelligent, un reporting mieux adapté aux attentes des clients et l'intégration de solutions externes… Autant de solutions qui existent déjà depuis longtemps. On aurait aimé qu'il évoque la volonté d'Amex GBT de s'affranchir des GDS. Une idée forte et novatrice qui méritait d'être développée.

Le seul temps fort a résidé dans la publication ce mercredi après midi du Baromètre européen du voyage d’affaires, étude menée cette année auprès d’un périmètre élargi de 1 000 entreprises, issues de 11 pays européens. "Une évolution permettant de dresser un panorama des tendances et pratiques au sein du voyage d’affaires encore plus enrichi et pertinent, souligne Guillaume Col, le patron France de GBT.

D’une manière globale, le marché du business travel reste optimiste en Europe, avec une hausse modérée de +1 % enregistrée en 2016, et de belles perspectives pour 2017, estimées à +2,5%. Cette progression est notamment tirée par les TPE et ETI qui enregistrent respectivement +1,8% et + 2,1% en 2016. Le contexte géopolitique, en particulier le Brexit, ne semble avoir que peu d’impact, selon les répondants, sur leurs dépenses voyage.

Dans le panorama de cette année, trois grandes tendances constitutives d’une politique voyage se dessinent : la nécessité d’une rationalisation des coûts, la confirmation de la sécurité comme priorité majeure et l’émergence du voyageur comme co-constructeur des politiques voyage.

Ces trois éléments vont de pair avec la tendance de fond, partagée par tout type d’entreprise, d’une nouvelle perception du voyage d’affaires. Le déplacement est aujourd’hui considéré comme une contribution essentielle au développement de l’entreprise pour 45% des interrogés : une progression de 28 points en deux ans, qui démontre la dimension stratégique du business travel pour les sociétés.

"Les résultats du Baromètre soulignent l’importance accordée par les entreprises au business travel. Plus que jamais, les sociétés considèrent le voyage d’affaires comme un accélérateur de business, et cela malgré un contexte économique incertain, nécessitant d’autant plus une gestion optimale de cette activité. C’est ici que l’agence de voyages intervient comme un véritable partenaire plus qu’un simple fournisseur", affirme Guillaume Col, Président-directeur général France, BeNeLux et Europe du Sud de GBT.

Mais si sur le fond l'étude se veut un reflet européen du marché, certains points sont peu crédibles. L'analyse de l'offre collaborative, est présentée comme "rejetée aujourd'hui plus qu'hier". Sur ce sujet, le Baromètre va à l'encontre des études européennes. Il suffit de voir les chiffres d'AirBnb for Business ou ceux d'Uber pour comprendre que, sur ce sujet, le panel ne devait pas être très représentatif de la réalité du marché. Amex (qui pourtant va proposer des solutions collaboratives) veut elle ainsi dire indirectement à ses clients qu'elle n'ira pas plus avant sur ce chemin pourtant largement développé par d'autres ? Une tendance affirmée sous couvert d'une enquête ne fait pas la réalité du marché.
Rationnaliser pour mieux voyager

Selon le Baromètre GBT, l’optimisation des coûts reste un élément central dans la définition de la politique voyage des entreprises. 52% d’entre elles considèrent que leurs dépenses voyages peuvent être encore optimisées. Cependant, fort d’un focus important sur les dépenses aériennes et hôtelières ces dernières années, les entreprises ont désormais conscience de la nécessité d’élargir le périmètre des dépenses à surveiller pour réussir à mieux maitriser leurs budgets.

La rationalisation des coûts passe désormais par une politique voyages de plus en plus encadrée et restrictive. L’équipement en outils de reporting et l’intégration end to end des données sont des éléments nécessaires pour développer ces approches de type TCO (Total Cost of Ownership). Pour 43% des répondants, le levier principal de rationalisation réside dans les coûts directs (économies sur les achats voyage) et pour 40% dans les coûts indirects (meilleure organisation interne, automatisation du processus). Les 17% restants préfèrent miser sur l’augmentation du confort de leurs voyageurs afin d’améliorer leur efficacité et ainsi réduire les coûts induits (échec commercial, fatigue et stress …).

Parmi les moyens permettant de réduire les coûts, on observe la montée en puissance de la visioconférence pour remplacer les déplacements internes, qui passe de la 4ème à la 1ère position cette année. Cela confirme la résilience de la dimension comptable dans le voyage d’affaires mais une segmentation apparaît. Alors que les meetings internes sont de plus en plus remplacés par la visioconférence, les déplacements externes sont considérés comme des investissements sur lesquels les entreprises veulent miser pour optimiser l’efficacité de leurs collaborateurs.
La sécurité, socle essentiel du voyage d’affaire

La sécurité est le premier critère de définition d’une politique voyages pour la deuxième année consécutive. En 2016, 64% des entreprises interrogées ont mis en place des dispositifs de suivi et de traçabilité des collaborateurs, en augmentation de 5 points par rapport à 2015. En parallèle, on assiste à une évolution des politiques d’encadrement, qui s’orientent vers des dispositifs préventifs, avec le renforcement de politiques de formation et d’information des collaborateurs en amont du voyage.

La prise en compte des risques et du devoir de l’entreprise d’assurer la sécurité de ses voyageurs est toujours plus proactive, coïncidant avec l’implication plus forte des voyageurs eux-mêmes dans la demande ou la mise en place de ces solutions.

Le voyageur co-constructeur de la politique voyages

Cette année, l’efficacité et la productivité du voyageur avant et après un déplacement fait son entrée en deuxième position du Baromètre, dans le top 4 des critères constitutifs d’une politique voyages. La mesure de la satisfaction des voyageurs a un impact direct sur son évolution : 33% des entreprises (+12 points par rapport à 2015) indiquent l’évaluer et adapter leur politique en conséquence. En 2016 et 2017, la tendance est donc à la co-construction. Les voyageurs vont jouer un rôle proactif dans les domaines de la sécurité (Duty of Care), ainsi que sur l’ensemble de la chaîne de valeur (programmes de fidélité, nouveaux fournisseurs y compris ceux de l’économie collaborative, nouveaux outils de réservation…).
Cependant, on remarque des disparités dans ces pratiques selon les pays. Les sociétés françaises sont parmi les moins enclines à prendre en compte les retours des voyageurs (22% seulement). Le confort et le taux de satisfaction dans le cadre d’un voyage présentent des conséquences directes sur la productivité du salarié. Les entreprises se montrent donc plus à l’écoute de leurs besoins, tout en ayant une réticence quant à l’intégration de certaines pratiques issues du BtoC, largement plébiscitées par les voyageurs. En effet, l’économie collaborative ne semble toujours pas séduire les entreprises à court terme, même si elle a déjà convaincu les voyageurs.
La TMC comme acteur de référence légitime dans le voyage d’affaires

Au global, 80% des entreprises sondées par GBT déclarent travailler avec au moins une agence, dont 57% avec une seule : des chiffres stables par rapport à 2015, qui démontrent que l’agence de voyage occupe un poids important dans la gestion du voyage d’affaires. Dans leur grande majorité, les interrogés considèrent que la Travel Management Company va devenir ou continuer d’être l’opérateur le plus légitime sur la totalité de la chaîne de valeur.

Dans un contexte où les dépenses hôtelières constituent un enjeu majeur pour les entreprises (54% d’entre elles souhaitent surveiller davantage ce budget et pour ce poste de dépense l’intermédiation via l’agence reste plus faible avec 59% des réservations), les TMC proposent désormais des solutions hôtels plus évoluées avec l’intégration d’une offre plus large pour répondre à cette attente forte.

La construction d’un programme voyage et le choix d’une TMC sont également liés aux notions d’omnicanalité et de fluidité du parcours voyageur. Le mobile constitue un trait d’union entre des préoccupations d’accompagnement voyageur et d’encadrement de la politique voyage : pour 94% des entreprises, l’usage du mobile est une pratique courante complémentaires des autres canaux de réservation sans pour autant s’y substituer. L’enjeu pour les agences est donc désormais de maintenir tous ces canaux avec un niveau de service équivalent.

Avec une approche toujours plus traveller-centric, la Travel Management Company (TMC) dispose de l’expertise nécessaire pour concilier les disparités entre les besoins des entreprises et ceux des voyageurs.

Les entreprises se rejoignent sur une double attente liée à la notion de service et de conseil (mise en place de workflows, stratégie d’achats, négociation fournisseurs, conduite du changement…). Dans ce cadre, 64% des répondants préfèrent disposer d’un fournisseur unique intégrant tous les autres prestataires, et ce quelle que soit la taille de la société.