Amex, des salariés « blessés » par l’article de DéplacementsPros du 14 janvier

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Y avait-il de la maladresse dans la rédaction de l'actualité consacrée aux possibles évolutions dans le temps du nombre d'emplois supprimés par American Express ? Malgré les critiques formulées par plusieurs salarié(e)s du groupe, je ne le crois pas. Certes, il aurait fallu préciser que les propos étaient tenus aux Etats Unis. C'est la seule carence que nous concédons aisément.

Pour être clair, à l'exception de quelques gourous installés dans les bureaux d'Amex aux USA, personne ne connait (ne serait ce que dans les grandes lignes) la teneur du plan qui s'annonce. On ne connaît ni les pays touchés, ni les services visés et encore moins le délai de mise en œuvre de ce plan. Chaque pays devra se plier aux règles imposées par le siège en respectant la législation du travail en vigueur. Non, on ne sait pas qui déterminera le volume des départs souhaités par zone géographique. Oui, il est compréhensible que les salariés français s'inquiètent. Oui, on ne saurait reprocher au personnel d'une entreprise des fautes qu'il n'aurait pas commise. Non, nous ne considérons en aucun cas les salariés comme des "boulets", même si les analystes de l'entreprise les traitent, eux, comme de simples éléments numériques. Mais la stratégie ne s'embarrasse pas de ces questions. D'où la sensibilité de nos interlocuteurs sur le sujet.

Reprenons les faits. La numérisation du voyage d'affaires conduit à mettre en place des outils dont on sait que la gestion exige moins de personnel qu'avant. Pour exemple, le développement du "on-line" dans l'univers commercial des grandes entreprises prend la place de 6 salariés en moyenne par client servi, toutes activités confondues. Cela veut-il dire que l'on doit diviser par 6 le nombre de salariés d'une entreprise ? Pas forcément puisque cette prise en charge automatique doit aussi permettre d'améliorer en parallèle le service. Mais au delà, le réalisme est de mise. Oui, nous pensons qu'il y a dans toutes les entreprises des personnes qui, pour des raisons diverses et variées, ne souhaitent pas ou ne peuvent pas suivre ces évolutions. Ce n'est ni une insulte pour Amex ni pour toutes les autres sociétés en difficultés.

Amex a mis en place dans le passé des actions de formation de son personnel pour lui permettre d'évoluer avec les tendances du voyage d'affaires. De fait, la première richesse d'une entreprise, c'est son personnel. Mais nous ne sommes pas naïfs. Toutes ces belles idées ne tiennent pas toujours à l'aune de l'analyse financière. Croire que la masse est seule capable de gérer l'existant serait mentir. Ce n'est pas notre rôle de flatter la réalité dans le sens du poil de nos lecteurs !

Marcel Lévy