Biocarburants: le remède pire que le mal en matière de CO2

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Les gestionnaires de flotte en entreprise vont sans doute se poser bien des questions après la publication d'une étude réalisée à la demande de la Commission européenne. Selon l'ONG Transport and Environment, cette étude révèle que le biodiesel est plus polluant que les carburants classiques car il émettrait 4% de CO2 en plus. A quel saint se vouer ?

Selon un rapport établi par l’ONG Transport and Environment, l’utilisation de biodiesel augmenterait les émissions polluantes de 4%, soit l’équivalent de la mise en circulation de 12 millions de voitures supplémentaires en Europe. Transport and Environnement a basé son analyse sur une étude appelée Globiom, étude commandée par la Commission européenne en 2013, et retardée jusqu’en mars 2016, ce qui a valu a d'ailleurs valu à Bruxelles d'être accusée de dissimulation sur les biocarburants.
 

Selon les calculs de T&E, le biodiesel produit à partir d’huile végétale (soja, colza, palmier à huile) mélangé à des carburants fossiles génère en fait 80% d’émissions supplémentaires que le diesel qu’il remplace. Si on utilise du soja ou de l’huile de palme, alors les émissions sont respectivement deux à trois fois plus importantes, leur culture étant également responsables de la déforestation. Or, le biodiesel est le biocarburant le plus consommé en Europe et il devrait concerner 70% du marché des biocarburants de l’UE en 2020. 76% des biocarburants, incluant le bioéthanol et le biodiesel, utilisés dans l’UE en 2020 devraient donc avoir des émissions de gaz à effet de serre similaires ou supérieures à l’essence ou au diesel.
 

"Le remède est manifestement pire que la maladie. Les biocarburants à base d’aliments ne devraient pas compter comme des carburants à zéro émission", estime Jos Dings, le directeur de T&E. Affirmation immédiatement combattue par le lobby pro biodiesel dont European Biodiesel Bord qui estime que l'étude n'est pas fiable et qu'elle est orientée.

Il reste que l'Union européenne s'inquiète et qu'elle a décidé l’année dernière de donner un coup de frein aux agrocarburants. Elle a introduit un plafond de 7% pour ceux issus de la première génération (à partir d’huile végétale). La commission européenne examine actuellement les critères RED et de durabilité pour l'ensemble de la bioénergie et devrait publier une proposition d’ici la fin de l’année.