Bises ou poignée de main au boulot ?

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Poor Kate: le jour de son mariage risque d'être non pas le plus beau mais le plus douloureux de sa vie. Pas moins de 1900 invités, c'est autant de bises à faire ou, statut presque royal oblige, de mains à serrer aujourd'hui ! J'en ai les joues usées et mal au poignet pour elle ! Pire que la prestation de Jacques Chirac au Salon de l'agriculture. Au fait, en arrivant au boulot le matin, pour vous, c'est bise ou poignée de mains ?

L'entreprise est un microcosme dont il convient de connaître très vite les règles, sous peine de passer pour une bêcheuse ou un mal élevé. Dans quelques sociétés, un rapide salut à la cantonade suffit. Mais par souci de faire sympathique, cordial ou convivial (rayer les mentions inutiles), la tournée de poignée de mains s'impose plus généralement dans les entreprises aux garçons, avec bises obligatoires aux filles. Mais bon, on n'embrasse pas n'importe qui: le non-dit impose généralement que cette familiarité soit réservée aux gens de sa propre génération. Pour les autres, tout dépend de la proximité professionnelle.

Pas évidente, cette histoire de prise de contact. Pas question de se rater, et un voyageur d'affaires qui ne maîtrise pas tout à fait son sujet risque, tout autant que la secrétaire à son bureau, de passer pour le mal élevé voire le grossier personnage du monde. Mais lui, ce sont généralement des contrats qui sont à la clé ! L'an dernier, un chercheur avait démontré qu'une poignée de main bien serrée était signe de longévité. Un autre, britannique, vient de travailler sur le contact social que le geste établi, et comme les Britanniques ne sont pas toujours les plus chaleureux, il a même mis au point la formule idéale de cette coutume primordiale dans le monde des affaires ! Et ce n'est pas pour le simple plaisir du geste: sa recherche était réalisée à la demande du constructeur automobile Chevrolet, qui avait constaté qu'au moins 1 de ses cadres sur 5 répugnait à se conformer à la coutume. Dommage, pour une entreprise dont les représentants sont amenés à serrer la main de clients ou de fournisseurs, avec des sommes considérables en jeu !

Or donc, le Professeur Geoffrey Beattie, directeur du département des sciences psychologiques de l'université de Manchester, a édicté sa règle d'or de la poignée de main, à usage des hommes comme des femmes. Suivez bien : "Main droite, prise complète, pression ferme (mais pas trop forte), à un point médian entre vous et votre interlocuteur, une paume sèche et douce, environ trois mouvements donnés avec une vigueur moyenne, pour un temps ne dépassant pas deux à trois secondes au cours duquel le contact visuel sera maintenu, un sourire naturel, et, bien sûr, une expression orale appropriée". Attention, on ne fait pas n'importe quoi : "Une poignée de main un peu molle peut trahir de l'insécurité tandis qu'une poignée de main fuyante peut suggérer l'arrogance". Ou une certaine mollesse de caractère. Bon, il faut que je me précipite à Westminster: je meurs d'envie de savoir quel représentant de commerce sera Kate !

Hélène Retout