Cette année, j’ai truandé la SNCF de 835 € pour mes déplacements professionnels!

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Curieux mail que celui qui nous a été adressé par un jeune chef d’entreprise de la région lyonnaise. Stéphane, le prénom est purement imaginaire, a bien compris comment jouer avec les contrôles à bord des trains. Et pour réussir cette arnaque, il s’appuie tout simplement sur la surcharge de travail des contrôleurs qui ont bien du mal à vérifier les billets d’un TGV surchargé.

Pour assumer cette fraude, il faut maîtriser les horaires des TGV les plus demandés et les wagons les moins soumis à contrôle. En 6 ans de Paris/Lyon et Lyon/Marseille, notre homme a ses propres statistiques basées sur l’expérience. Et au final, voyager sans billet et peu risqué selon lui. « J’utilise toujours la même excuse : j’ai signalé au contrôleur que je n'avais pas eu le temps de prendre mon billet et je vous attendais», détaille ce spécialiste de la fraude qui précise à l'agent «qu’il a attrapé le train par la queue». Et le pire, c’est qu’il a déjà évoqué ce système avec un contrôleur qui reconnaît que son astuce est bonne !

«Je ne suis pas un voleur mais je me rembourse seul de mes problèmes permanents rencontrés avec la SNCF», précise notre correspondant qui ajoute qu’il a bien conscience que c’est une escroquerie. Mais au-delà, assure-t-il, «Je me suis souvent retrouvé dans des situations où les retards voire les annulations de train m’ont fait rater des rendez-vous, et qui sait, des affaires». Le cercle est vicieux et sans appel. Certes la méthode est peu acceptable mais peut-on imaginer qu’il y en ait une autre ?

Et c’est notre interlocuteur lui-même qui donne la réponse : «Oui, avec la mise en place d’un contrat associé au billet de train». Et d’expliquer que l’on pourrait imaginer que le tarif baisse en fonction des aléas rencontrés sur un voyage précédent. Une sorte de compensation en temps réel facile à mettre en œuvre via les cartes d’abonnement ou de fidélité. «D’autant que via cette carte, le système renforcerait les liens entre les entreprises et la SNCF qui connaîtrait mieux ses voyageurs».

Stéphane va même plus loin. Pour lui, il faudrait un contrat de confiance entre les jeunes entreprises, de moins de 3 ans, et la SNCF. Un coup de pouce à la prospection commerciale qui serait suivi d’un contrat d’objectif entre la société et le transporteur ferroviaire pour les 3 années suivantes. «Il ne faut pas prendre les clients pour de simples machines à cash», continue Stéphane qui justifie ainsi sa position «d’arnaqueur». Et d’expliquer: «On ne saurait être de simples utilisateurs broyés par une mécanique à sens unique».

Bien évidemment, on ne saurait accepter le procédé. Un jour, sans doute, Stéphane reprendra-t-il la voie de la sagesse en achetant un billet pour voyager. Ce qui est certain, c’est qu’il ne serait pas le seul à agir ainsi. Il y a des dizaines de Stéphane persuadés de leur bon droit. Et si la SNCF entendait leur propos?

Marcel Lévy