Classe affaires, pourquoi un A/R Bombay à 1926€ sur Jet Airways et à 3506€ pour Air France?

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«La différence de prix est-elle bien raisonnable?», nous écrit un chef d’entreprise qui travaille régulièrement en Inde, à Bombay (Mumbai). Et de s’interroger : «S’agit-il simplement d’une prise de parts de marché ou d’une réelle concurrence tarifaire, j’ai du mal à comprendre». Et ce spécialiste de l’électronique embarquée de conclure «Il n’y a dans mon univers professionnel aucun domaine où l’écart tarifaire est aussi élevé. Pourquoi dans le transport aérien?».

On pourrait chercher à expliquer dans le détail le pourquoi et le comment de chacun des tarifs affichés par notre lecteur. Jet Airways s’implante dès le 14 mai prochain en vol direct vers Mumbai et offre des tarifs agressifs et compétitifs aux entreprises françaises. Oui, nous sommes bien dans une prise de parts de marché. Après la période de lancement et si l’on regarde à plus long terme, l’écart se réduit avec un vol vers Bombay proposé par Jet Airways à environ 2200 € en vol direct, ce qui correspond au tarif moyen proposé par les compagnies du Golfe (avec une escale). La compagnie indienne se place dans le peloton de tête de la compétitivité aérienne vers l’Inde mais sur une seule destination en vol direct.

En règle générale, la différence tarifaire est construite autour de plusieurs arguments forts : la flexibilité, les fréquences et les tarifs négociés qui ne sont jamais affichés sur les sites internet. Trois valeurs qui ne s’appliquent qu’aux entreprises pour qui l’instantanéité de l’achat est essentielle. Mais la « dernière minute » est loin d’être la règle dans les PME/PMI qui préparent à l’avance leurs déplacements et qui savent depuis longtemps qu’acheter au dernier moment coûte cher ! On pourrait reprocher à Air France de ne pas prendre en compte ce besoin pour construire un tarif spécial pour ces entreprises « early birds » pour qui le best buy est essentiel à la gestion de leurs déplacements professionnels.

Le marché de l’aérien est comme son nom l’indique : un marché. On trouve tous les prix, tous les services et toutes les promotions. Rien de bien étonnant, ce mécanisme du commerce est le même dans le monde entier même si certains ne jouent pas avec les mêmes armes de base. On le voit bien dans l’industrie manufacturière où le prix de la main d’œuvre chinoise est largement inférieur aux règles salariales européennes.

Faut-il alors parler seulement de compétitivité au détriment de la rentabilité ? C’est la question que posait Christopher Franz, l’ancien boss de Lufthansa. Et personne aujourd’hui ne donne de réponse claire sur le sujet. Sans doute n’y en a-t-il pas de toute faite. C’est le danger qui guette le transport aérien.

Pierre Barre