Classe éco : le passager idéal est petit, maigre et peu nerveux

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A en croire le Wall Street Journal, les compagnies aériennes aimeraient bien concevoir le gabarit type des passagers. Pour le transport aérien, le meilleur ratio se résumerait à un voyageur de moins de 1,70 mètres, d'environ 65 kg et capable de rester immobile pendant 6 à 8 heures. Un rêve difficile à accomplir.

Augmenter la business ou la first au détriment de la classe éco qui se densifie, la tendance née au début des années 2010 est loin de ralentir. Exemple avec la business de Singapore Airlinbes qui occupe désormais le pont supérieur des A380. Exit les sièges de classe éco, moins rentables. A priori on pourrait se demander pourquoi ne pas faire des avions "tout business". La compagnie "L'Avion" de Marc Rochet, entre Paris et New York, a bien essayé avec un succès d'estime important mais une rentabilité faible. De fait, en devenant OpenSkies au sein de Bristish Airways, le retour de sièges éco s'est fait rapidement.

Et le Wall Street Journal recense les compagnies qui densifient fortement leur 777 : Air Canada, American Airlines, Air France-KLM et Emirates... Que reproche t-on à ces "seigneurs du ciel" : la diminution de la largeur des sièges passée de 18 à 17 inches et l'implantation de 10 sièges en classe éco (loin d'être une réelle nouveauté). Des rangées en "3-4-3" qui favorisent le rapprochement entre les peuples et les bactéries mais qui limitent les mouvements de celles et ceux qui se retrouvent coincés au milieu des 10 ! Pour le PDG d'Emirates, cité par le quotidien américain, la solution n'est pas dans la densité mais dans l'image de la compagnie et de préciser " Nous savons détourner l'attention du passager en lui offrant des repas, des collations et un ensemble de divertissement numérique ». CQFD !

Si l'on devait résumer, nous en sommes revenus à l'équipement des Boeing 707... Il y a près de 30 ans. Que faire ? Pour le passager, à moins d'arrêter de respirer pour obtenir une business, il n'y a pas de salut. On sait aujourd'hui que le transport aérien est assimilé à un autobus, loin de la légende qui entourait l'aérien dans les années 50-60. Le développement des pays émergents, gros migrateurs en terme de population, ne permet plus une sophistication de l'offre. Rien ne sera plus comme avant dans le transport aérien. On peut s'illusionner et croire au Père Noël, mais voyager en classe éco sera de moins en moins confortable. Il faut en prendre son parti. Quitte à râler in peto...

Hélène Retout