Comme dirait mon petit neveu : y’a quelqu’un qui se gave !

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J'ai du mal à comprendre les cours de l'essence. Le baril augmente peu, ou à peine et les prix explosent. Un fleet manager désabusé m'expliquait il y a quelques jours que "tout cela est assez illogique pour que l'on s'interroge sur la réalité du cours des prix à la pompe". Remarquez, on ne manque pas d'analystes sérieux et convaincus pour dresser des hypothèses sur ce sujet. La première, un peu poujadiste il est vrai, évoque les grèves subies par les pétroliers en novembre 2010. Il fallait récupérer les pertes. C'est bien parti.

Un simple tour sur le site de direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) suffit à comprendre le problème. 1,5179 € le pour le super sans plomb 95. 1,5551 € pour le sans plomb 98 et 1,3702 € le gazole. Des records historiques. Bien sur, on ne peut se fier aux cours en dents de scie du baril (en baisse hier lundi 14 mars à Londres et stable à New York) mais on imagine aisément que la répercussion des prix, quasi instantanée, ne reflète ni les stocks, ni les couvertures et garanties que prennent les distributeurs. Je ne suis pas assez spécialiste du domaine pour commenter cette situation. Par contre, je constate que les augmentations du prix de l'essence pèsent et pèseront sur les budgets prévisionnels des acheteurs voyages. Mieux encore, ils se répercuteront sur l'ensemble de la chaîne logistique avec l'inévitable hausse des prix qui les accompagnera. La flambée des matières premières alimentaires (blé entre autres) devrait conduire en 2011 à une hausse moyenne de 12 % des notes des repas. La hausse du brut coûtera des surcharges aériennes en "carburant" même si les compagnies se disent "couvertes" pour les prochains mois. Dans l'hôtellerie les dépenses pour le chauffage et la gestion énergétique d'un établissement viendront justifier la légitime augmentation du prix des chambres. Une cascade sans fin qui ne se terminera que par le jeu de la concurrence et de la négociation forcée... Un peu comme pendant la crise économique de 2009. De fait, les premiers observateurs des agences de notation américaines ressortent le spectre du ralentissement économique. Je comprends. Mais qui profite aujourd'hui de cette situation ? L'état (c'est à dire nous) et ses taxes associées au prix de l'essence ou à la TVA sur les biens courants ? Les pétroliers ? Les spéculateurs ? Je n'en sais rien. Mais je sais pourtant qu'il est bien difficile aujourd'hui pour un acheteur de rester serein en lisant la presse.

Hélène Retout