Comment se porte le transport aérien domestique, en France ?

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En dépit des apparences souvent moroses, le transport domestique ne se porte pas si mal en France, loin de là. Voyons les faits à partir de l’OAG (Official Airline Guide) qui répertorie tous les vols réguliers dans le monde et donc ceux de l'Hexagone. 42 villes sont desservies de manière régulière par des lignes domestiques.

J’exclus les villes qui ne disposent que de transports européens, essentiellement vers la Grande Bretagne, avec Ryanair. Oh, bien sûr certains aéroports ne sont plus utilisés alors qu’ils l’ont été par le passé. C’est le cas d’Angers, Annecy, Avignon, Béziers, Chambéry, Colmar, Grenoble, Limoges, Nîmes, Périgueux, Roanne, Rodez, Saint Etienne, Tours et j’en oublie sans doute. Tout cela est bien triste mais ils paient, si l’on peut dire, l’effet TGV.

Or donc beaucoup de lignes radiales ont disparu mais pour autant, les populations n’ont pas été délaissées. Par contre le réseau de lignes transversales s’est considérablement développé. En voulez-vous des exemples ? Nantes dispose de liaisons avec 19 autres villes en France, certaines même comme Strasbourg sont en concurrence entre deux transporteurs : Hop et Volotea. Lille est également grande gagnante avec des vols vers 16 destinations et ne parlons pas de Strasbourg qui, certes, a perdu ses liaisons aériennes avec Paris, mais est tout de même reliée à 14 autres métropoles. Le grand gagnant est l’aéroport de Lyon St Exupéry avec 25 dessertes traitées pour l’essentiel par Hop, qui a repris les anciennes habitudes d’Air Inter avec le rendez-vous lyonnais dont l’origine remonte à 1962.

Bref on note - pour la seule saison hiver 2017/2018 - 254 liaisons aller/simple régulières, certes en comptant les lignes radiales. Mais même en enlevant ces dernières, elles sont au nombre de 56, cela laisse tout de même près de 200 possibilités de traverser la France de part en part. Voilà qui n’est pas si mal. D’autant plus que la qualité des appareils utilisés n’a cessé de s’améliorer. L’essentiel des vols est maintenant opéré par des jets dont beaucoup sont d’une capacité supérieure à 100 sièges. Voilà qui change agréablement des petits turbopropulseurs si largement utilisés par le passé.

Regardons maintenant les transporteurs. A tout seigneur tout honneur, le groupe Air France se taille la part du lion avec Hop et Hop/Air France. On trouve la compagnie dans 34 des 42 aéroports concernés. Il y a bien eu quelques déboires en particulier avec l’abandon du « hub » de Clermont-Ferrand, mais on ne pas dire que la compagnie ne fait pas son devoir entre les villes de province. Par contre, je ne suis pas certain que les résultats économiques soient satisfaisants car le groupe doit faire face à une difficile intégration des salariés ex Britair, Régional et Airlinair et de leurs exploitations, ce qui pèse tout de même fortement vis-à-vis de la concurrence.

Et celle-ci existe bel et bien, et elle est puissante. Il s’agit tout d’abord d’EasyJet que l’on trouve dans 11 escales et non des moindres puisqu’il s’agit des principales. Le transporteur britannique se trouve de fait en compétition frontale avec 80% du marché inter régional de Hop. N’oublions pas d’ailleurs qu’il opère uniquement des Airbus 319 d’une capacité moyenne de 160 sièges en face des Embraer ou CRJ que la compagnie nationale met en service.

Et puis, un autre opérateur pointe sérieusement le bout de son nez. Il s’agit de l’espagnol Volotea. Cette compagnie créée en 2012, c’est-à-dire il y a 5 ans, connaît un développement fulgurant. Elle transportera cette année 5 millions de passagers et compte passer à 6 millions en 2018. Elle est présente dans 16 aéroports domestiques sans compter la grande variété de lignes transversales européennes qu’elle opère à partir des aéroports français. Avec 86 opérations à l’intérieur de la France, elle se pose comme un acteur sérieux pour les villes de province. D’autant plus qu’elle va progressivement sortir les B 717 de 125 sièges avec lesquels elle a débuté ses opérations pour se convertir aux Airbus 319 équipés en 150 sièges. Bref, il faudra compter avec ce nouvel acteur créé par Carlos Munoz et Lozano Ros qui ont été à l’initiative de Vueling.

Une mention pour terminer cette liste pour Air Corsica qui tire très bien son épingle du jeu en reliant les trois aéroports corses : Ajaccio, Bastia et Figari à 5 villes du continent.

Il est frappant de voir avec quel appétit certains transporteurs étrangers se jettent sur le marché domestique français dont on pensait qu’il était moribond. Il n’en est rien. La recette unitaire est convenable et il reste encore nombre de dessertes à explorer. Et la concurrence est suffisamment importante pour éviter toutes les envolées de prix.

Jean-Louis BAROUX