Déplacements professionnels : le Mobile World Congress confirme le lancement du paiement mobile

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Si depuis quelques années la technologie était dans les tuyaux, il aura fallu attendre le congrès de 2013 à Barcelone pour voir les organismes bancaires se développer dans le paiement mobile. Mastercard et Visa, les deux géants, viennent de dévoiler leurs alliances technologiques et annoncer la mise en place d'outils de paiements mobiles. Une évolution ? Non, une révolution.

Si vous êtes encore sceptique sur l'intérêt du "paiement mobile", sachez que d'ici dix ans, plus de 65% des petites transactions commerciales se feront via votre téléphone. Utopique ? "Pas du tout", répondent les spécialistes de ce domaine, réunis en congrès à Barcelone depuis le 24 février dernier, certains de leurs perspectives. Les fournisseurs de cartes bancaires ne sont plus les seuls à s'intéresser au paiement mobile. PayPal vient ainsi de confirmer qu'il allait également être capable d'utiliser le portable comme "portefeuille électronique" pour en faire, selon ses dirigeants, "l'un des moyens de paiement les plus simples et les plus naturels". Il faut dire que le marché est énorme, proche des 280 milliards de dollars en 2018 selon une étude publiée par MarketsandMarkets. Cette enquête, largement commentée dans les allées du salon de Barcelone, confirme que le téléphone comme la tablette seront d'ici cinq ans les premiers outils de paiement numériques dans le monde. Selon une étude de l'association GSMA, elle aussi dévoilée à Barcelone, ce sont déjà 3,2 milliards d'abonnés pour un chiffre d'affaires estimé à terme à 750 milliards d'euros.
Cette notion de portefeuille électronique, dont on commençe à bien comprendre le fonctionnement, devra séduire les utilisateurs et plus particulièrement ceux qui se déplacent pour leur entreprise. Si l'on sait déjà que la plupart des organismes bancaires proposeront un outil sécurisé de paiement, avec contrôle de la dépense voire autorisation à distance, il est encore difficile d'estimer quelles seront les dépenses qu'un voyageur d'affaires pourra ainsi régler. Dans un premier temps, selon Visa, elles ne sauraient excéder 100 $ (75 €). Utile pour régler un taxi, une location de voiture pour une journée, un repas ou des dépenses imprévues. Au-delà, les spécialistes de la carte bancaire pensent que "Chaque organisme, grâce à un contrat d'entreprise spécifique, proposera un montant maximum de dépenses".
Le projet est encore considéré comme assez lourd aujourd'hui mais il pourrait très largement évoluer avec la mise en place d'une reconnaissance des empreintes digitales ou de l'iris du porteur. Finie la carte bancaire dans la poche... Tout est dans le téléphone. Et côté sécurité, le risque est minime. Pour payer avec son téléphone, des mesures de sécurité seront intégrées à l'appareil. Mais pour que ce paiement mobile soit adopté aisément, il faudra également simplifier les outils qui lui seront associés. Affichage en temps réel des dépenses, consolidation par mission et suivi global par projet, le reporting est déjà prêt. AirPlus aurait déjà les outils pour l'intégrer à sa carte logée, transformant ainsi le téléphone en outil de communication financier avec le porteur de la carte, l'éditeur du service et l'entreprise. Enfin, viendra (très vite) le temps de la technologie. Google Wallet se veut universel, mais le géant fait peur et ses visions hégémoniques dérangent le monde de la finance. Visa a fait le choix de Samsung. MasterCard développe ses propres outils dans un ensemble appelé MasterPass. Enfin, Paypal conforte son système, baptisé "paypal here" : il sera capable dans quelques semaines de lire les cartes à puce utilisées dans le monde entier. Evolution, vous dis-je. Ultra-rapide. Et si Barcelone est en ébullition autour des fonctionnalités globales, c'est sans doute parce que, pour la première fois, la technologie et le gadget cèdent la place à l'utilisation concrète. Preuve d'une maturité atteinte et de la volonté des utilisateurs d'avoir des outils "tout en un" efficaces.

A Barcelone,
Philippe Lantris.