Dernières vacances avant la crise ?

75

À croire les économistes du monde entier, la situation financière de la plupart des pays européens et nord-américains ne permettrait pas le moindre optimisme ces prochaines semaines. On pourrait longuement deviser sur les raisons qui les conduisent à formuler de telles prévisions (et sur la justesse de leurs analyses) mais force est de constater que pour la plupart des pays européens, la mise en place d'une politique de rigueur est désormais dans les tuyaux.

À l'évidence, en lisant les commentaires boursiers, on constate que tous les pays, qu'ils soient libéraux ou dirigistes, arrivent aux mêmes résultats économiques et que le seul choix d'une vision politique ne suffit plus à donner une avance significative sur les voisins. D'autant plus s'il est européen, soumis aux variations (ou aux fantaisies) desdits voisins. Quoi qu'il en soit, les analyses formulées aux États-Unis par les experts du voyage d'affaires démontrent que la situation pourrait largement se compliquer ces prochains mois si le ralentissement économique se confirmait. La crise ? Le mot est lâché, même si dans la réalité, tous les marqueurs ne sont pas encore orientés vers la mise en place, par les entreprises européennes, de règles de gestion drastique des déplacements professionnels qui ressembleraient trait pour trait à celle déjà vécu fin 2009, début 2010.

Sans tomber dans un pessimisme qui ne correspondrait pas à la réalité actuelle du marché, force est cependant de constater que les compagnies aériennes ou les groupes hôteliers se préparent à un ralentissement en mettant en place des structures "low cost" plus aptes à répondre aux besoins d'économies de leurs clients. C'est un signe, même s'il ne suffit pas à conforter l'idée que le business pourrait ralentir ces prochains mois. En passant quelques coups de fil à des acheteurs "voyages", on se rend compte que leurs projections budgétaires confirment au contraire la reprise engagée au mois de janvier dernier. Certes, les grandes agences de voyages reconnaissent que la demande reste encore fragile, loin d'être comparable à celle d'il y a quatre ou cinq ans. Difficile alors d'imaginer à quoi pourrait ressembler les prochains mois. D'un côté, des acheteurs prudents qui privilégient toujours le prix, et de l'autre des professionnels persuadés que c'est au son du canon économique que l'on doit se développer pour réussir. Dans tous les cas, pour marquer sa différence, l'entreprise devra se dépasser et sans aucun doute se déplacer à la rencontre de ses clients. Les deux clés d'un succès économique, surtout en période de crise.

Marcel Lévy