Des évolutions professionnelles pour mieux coller à la réalité du marché

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Les anglo-saxons, qui adorent brûler aujourd'hui ce qu'ils ont encensé hier, font évoluer depuis quelques mois les appellations professionnelles dans l'univers du voyage d'affaires. Après avoir mis en avant les notions de Travel Management, voilà qu'aujourd'hui ils parlent globalement de Mobility Management pour aborder l'ensemble des problématiques liées à la gestion des déplacements professionnels. Et dans cette grande famille de métier, ce ne sont pas moins de cinq ou six fonctions différentes qui devraient voir le jour ces prochaines années.

Dans un article publié par Déplacements Pros, nous évoquions il y a quelque temps les mutations engagées dans les activités professionnelles associées à l'univers du voyage d'affaires. Exit les chargés de voyages, devenus aujourd'hui des acheteurs thématiques. Finis les Travel Managers, baptisés Mobility Managers en raison de la vision panoramique qu'ils sont censés avoir dans l'entreprise. Cette évolution est confortée par la publication d'un document du Ministère américain du commerce qui reconnaît que l'ensemble des fonctions associées au voyage d'affaires tient plus de la mobilité dans son ensemble que du simple Travel.
Il est vrai qu'en 10 ans, on a pu assister à une lente mais régulière évolution des fonctionnalités associées à cette gestion des déplacements d'entreprise. L'appellation générique «Travel Manager» n'est plus très révélatrice de la réalité du marché. L'introduction du cost killing a démontré que la vision "voyage" n'était qu'un tout petit bout de l'activité qui intègre désormais, entre autres, les nouvelles technologies, le contrôle des achats, la maturité des dépenses, la sécurité.
On voit bien en France que le sujet intéresse. L'association Marco Polo travaille depuis quelques mois à cette réflexion sur l'avenir du Travel Management et son intégration dans la hiérarchie de l'entreprise. En septembre dernier, l'AFTM a voulu démontrer dans un livre blanc que le Travel Manager était le "rouage essentiel" de l'entreprise. Une vision exagérée et peu réaliste qui démontre que toutes ces évolutions sont encore loin d'être terminées voire acceptées par les entreprises. D'autant, que cette appellation générique Travel Manager, presque dépassée, est pourtant loin d'être reconnue par les sociétés, qui lui préfèrent parfois des dénominations internes, pour une fonction très souvent rattachée aux achats.
Tous les experts le disent, la grande force d'un métier, c'est de savoir évoluer. Savoir avancer et se remettre en question à chaque grande mutation. C'est sans doute ce qui s'est engagé aujourd'hui dans l'univers des achats de voyage. Personne ne peut dire avec précision à quoi ressemblera la cartographie professionnelle du métier dans quelques années. Sans doute faudra-t-il nous habituer à avoir des fonctions dont les noms changent et s'adaptent. Aussi souvent que les métiers s'adaptent au réalisme économique du moment.

Alain Joyet