Dialogue de sourds dans l’aérien

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La grève du transport aérien qui débute ce lundi pour 4 jours risque bien d'être un mouvement dur. Par principe, le gouvernement n'entend pas céder. Par principe, les pilotes ne veulent pas en démordre et revendiquent les spécificités de leur métier par rapport au ferroviaire. Un véritable dialogue de sourds.

Jusqu'à vendredi matin, les pilotes du SNPL - majoritaires chez Air France - ont pensé que leurs demandes pourraient être acceptées, au moins en partie, par le gouvernement. Le syndicat avait demandé un aménagement de la loi votée en première lecture à l'Assemblée pour prendre en compte les spécificités de l'aérien. Il souhaitait ainsi qu'un salarié qui n'était pas au planning un jour de grève puisse refuser l'ordre de la direction de venir travailler ce jour là pour remplacer un gréviste. Il voulait aussi que le salarié gréviste n'ait pas à déclarer son retour au travail 24 h avant, comme le prévoit actuellement la loi. Cette disposition, prévue pour le transport ferroviaire, n'a guère de sens dans l'aérien où il faut 48 h aux compagnies pour relancer les plannings après un mouvement social. Par ailleurs le syndicat demandait une forme d'équité : si les grévistes devaient être sanctionnés pour ne pas avoir déclaré 48h à l'avance leur intention, ils demandaient que les compagnies soient elles aussi sanctionnées si elles ne prévenaient pas 24 h à l'avance leurs passagers, comme le prévoit la loi. Réponse globale au Ministère des transports : certaines dispositions étaient possibles mais d'autres auraient été retoquées au Conseil Constitutionnel. Résultat, le gouvernement ne change rien au texte voté et les pilotes sont vent debout.

La colère des pilotes mais aussi des personnels au sol, des stewards et des hôtesses, est d'autant plus grande que les nuages s'accumulent dans l'aérien. En une semaine, deux compagnies - Spanair et Malev - ont été au tapis. American Airlines a annoncé 13 000 licenciements. Et surtout vendredi prochain, Air France a convoqué un Comité Central d'Entreprise extraordinaire pour dénoncer tous les accords collectifs en cours, afin de les renégocier et tenter de retrouver une plus grande souplesse d'action. Dans ce climat de tension, les personnels auront il tendance à se mettre aux abris ou au contraire à revendiquer ? C'est bien toute la question, dont dépend la mobilisation.

Annie Fave