Emirates au Vietnam, quel intérêt ?

93

Suite à l'article que nous avons consacré à l'ouverture par Emirates de la ligne vers le Vietnam, Pierre M. nous a fait parvenir une tribune libre sur le sujet. Tenu à un droit de réserve, nous ne citerons pas son nom, d'autant que les propos de son courriel ne sont ni agressifs, ni injurieux à l'encontre de la compagnie du Golfe. Tout au plus, il nous signale - en tant qu'acheteur voyages - qu'une simple analyse des faits et de l'offre démontrent rapidement l'inintérêt d'utiliser des compagnies extérieures à l'Europe pour aller vers des destinations accessibles en vol direct au départ de Paris ou des villes de province. Voici donc son témoignage. Nous ne l'avons ni corrigé, ni retouché, ni amendé. Bien évidemment, nous publierons avec intérêt les textes ou commentaires que nous adresseraient en réponse les compagnies citées dans ce document.

Emirates au Vietnam, quel intérêt ?
"Monsieur le Rédacteur en Chef
Vous avez publié il y a quelques jours une information concernant l'ouverture d'une ligne par Emirates vers le Vietnam. Ce qui sous-entend, bien évidemment que les vols se faisant au départ de Paris ou de province il faut donc obligatoirement transiter par Dubaï. Cette obligation n'est pas contraignante si l'on trouve un avantage financier ou des facilités horaires à utiliser par cette escale. En cette époque, où nous sommes sous la pression constante du meilleur prix, je me suis permis de regarder en classe économique ce qui pouvait éventuellement m'attirer vers l'offre de la compagnie Emirates. À première vue, toujours en classe économique, ce n'est pas le prix qui est un argument d'achat. En prenant une période de voyage qui va du 13 au 15 juin (j'ai bien évidemment fait exprès de ne pas intégrer la nuit du samedi au dimanche dans ma demande) je me rends compte que je trouve un trajet identique, moins cher sur le site de Go Voyage (mais aussi d'Expedia) avec un choix de compagnies important comme Qatar, Malaysian ou Korean. Le premier vol direct est proposé par la compagnie Vietnam Airlines pour 1253,96 euros. Pour comparaison, Emirates me propose un vol avec escale, en classe éco, pour 1283 € plus 68,91 euros de taxes. Tenté par l'idée d'une business, et indépendamment de l'escale, je décide de comparer le prix, à la fois sur le site Internet d'Emirates et sur celui de Vietnam Airlines. Je précise qu'il s'agit bien évidemment de tarifs affichés et en aucun cas de tarifs négociés. Pour les dates choisies plus haut (13 au 15 juin), Emirates me propose une business à 5477 € plus 104,91 euros de taxes. Vietnam Airlines affiche 2140 US dollars mais facture 107 $ pour le règlement par carte et 428 $ de surcharge et autres taxes. Je constate que sur le site de Vietnam Airlines, il existe une différence entre le prix affiché et le prix facturé, plus favorable au moment de payer. Je téléphone donc à l'agence Parisienne de la compagnies vietnamienne et je termine avec une facture qui s'élève 2650 €.

Je ne cherche pas ici la moindre querelle ou la moindre polémique avec Emirates. Je respecte cette compagnie dont la qualité du transport est réputée. Mais je remarque, pour l'avoir fait souvent, que l'offre tarifaire est loin d'être attractive au regard de ce qui est vendu. Emirates est en règle générale de 5 à 25 % plus chère que l'offre du marché au départ de Paris. Bien sûr, me direz-vous, l'effet marketing joue à fond et la compagnie est aujourd'hui dotée d'une image internationale exceptionnelle. Sans doute l'a telle fortement méritée. Sans doute va-t-elle parfois au delà de la réalité des faits économiques. Je constate, à l'écoute de mes voyageurs que le service chez Emirates et jugé très bon tout comme celui d'autres compagnies européennes sur le Vietnam. Votre information sur l'ouverture de cette ligne vers le Vietnam est essentielle pour ceux qui, ne transitant pas par l'Europe, étant expatriés, ou à l'occasion d'un déplacement professionnel circulaire... Partent de Dubaï. Car si vous recommencez cet exercice tarifaires sur des comparateurs de vols internationaux, vous obtiendrez quasiment le même résultat, les mêmes écarts de prix et la même obligation de transit par Dubaï. Je complète, pour l'avoir fait, que ces écarts tarifaires ou horaires ne se justifient pas au départ de l'Europe si l'on regarde les destinations les plus fréquemment couvertes par les voyageurs d'affaires francophones.

Vous l'aurez compris, mon but n'était pas de vous jeter la pierre sur les choix éditoriaux que vous faite, mais ce travail d'"acheteurs voyages" révèle tant de surprise à celui qui l'exerce sérieusement que bien des informations publiées sur le transport aérien ne passent pas longtemps le filtre de l'analyse économique.

Souhaitant ainsi vous éclairez sur cet univers complexe et passionnant

Recevez....

Pierre M.

L'avis d'un Directeur des Achats, Yann le Goff

La remarque est juste et fausse à la fois.

Juste car si l’on fait l’exercice comme Pierre l’a fait, à cette date et à cette heure, le résultat est vrai. Juste également de comparer VN et EK respectivement notées 5.6 et 5.8 dans SKYTRACK.

Par contre, faux sur 4 points.

1- Les résultats auraient-ils été les mêmes sur VN avant la mise en concurrence par EK…?
2- Toutes les compagnies pratiquent les tarifs dynamiques donc ce qui est vrai un jour est faux un autre. EK est souvent une bonne alternative pour se rendre en Chine ou à Singapour.
3- Il y a toujours la possibilité de négocier des tarifs avec EK. Cette dernière ne peut rendre son offre intéressante (tant sur ses tarifs que sur sa couverture) que si elle « occupe » le terrain en proposant des routes multiples comme le font les alliances. Ce point est donc à pendre en compte (sous réserve, bien entendu, que les volumes le justifient). Les classes supérieures sont d’ailleurs tout à fait intéressantes en tarif négocié.
4- Ces routes sont toujours surchargées et il est bon de savoir qu’il existe des alternatives (veille technologique et commerciale que tout acheteur se doit de faire).

En conclusion : On pourrait être tenté de dire vrai et faux (réponse de normand) mais tout à fait ravis de cette nouvelle qui donne une alternative, met la pression sur les opérateurs directs et les alliances.

Yann le Goff