En cas de crise mondiale, merci de nous prévenir 48 heures à l’avance

214

Dans l'esprit du grand public, le journaliste, type Rouletabille, Albert Londres ou Tintin, est ce professionnel qui, en cas de conflit ou de catastrophe, est capable de rejoindre le plus petit coin paumé de la planète en quelques heures. Ca, c'est pour la théorie. Car dans la pratique, à en croire les journalistes de Radio France, il faut au moins 48 heures pour préparer le déplacement professionnel d'un reporter confronté à l'actualité.

Le texte publié sur le site du SNJ de Radio France n'est pas, cette fois ci, un article consacré aux problématiques professionnelles mais un constat sur la gestion des voyages au sein d'une grande rédaction nationale. Et l'auteur de préciser "Le prix du déplacement est devenu plus important que le sujet de la mission lui-même Et pour payer moins cher, on ne recule devant… aucune dépense. Tel billet pour le Mali acheté sur une compagnie low-cost est non remboursable, non-modifiable. Mais comme l'actualité impose de rentrer plus tard que prévu, cela produit un surcoût de 600 euros, soit le prix du billet sur une compagnie classique". Bienvenue dans le monde des acheteurs "voyage".

On apprend ainsi qu'à l'occasion d'un récent déplacement à Moscou, alors que le technicien et le journaliste de France Info partaient avec Aeroflot, France Inter choisissait d’envoyer son journaliste à part, sur un vol low-cost. "Pas de bol, la compagnie Aigle Azur n’est pas autorisée à atterrir à l’aéroport le plus proche de la ville, et un taxi pour rejoindre Moscou, c’est 100 euros… Au total, cela coûte donc le même prix qu’un billet classique. Plus, même. Car le journaliste est revenu dans l’avion de la Présidence, mais dommage… son billet n’était pas remboursable".
Autre exemple, "Pour la tuerie de Newtown, il s’agissait évidemment d’arriver le plus vite possible sur place. Le journaliste de France Info et son technicien de reportage l’ont fait. Le journaliste d’Inter a constaté, à son arrivée à l’aéroport, que le billet le moins cher, pris sur internet, l’obligeait à attendre 24h de plus avant de partir. Même retard de 24h au retour, et une nuit d’hôtel supplémentaire à payer". On comprend l'agacement de nos confrères.

Au final, les problématiques posées dans ce texte sont des cas d'école pour les travel managers. Certes, l'actualité pilote le voyage et l'anticipation est reine mais visiblement, la recherche du best buy demande à l'actualité de se calmer un peu. Pour les guerres et les conflits, merci d'attendre désormais 48 ou 72 heures. Pour les attentats ou tout autre événement dramatique, un mail à la rédaction des grands médias serait apprécié 24 heures avant. Avouez que cela séduirait bien des acheteurs de savoir bien avant les autres la nature des déplacements complexes qui les attendent.

Marcel Lévy