Et là, c’est L.A.

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Un océan de béton léché par les rouleaux du Pacifique. Un infini urbain sans grâce, tapi sous un ciel qui peine à trouver ses bleus. Un tourbillon de rich and famous soufflant les modes en rafales d’indécences. Et un business mené à la californienne : parfaite efficacité, totale frime et religion du dollar roi.

Il est 19 heures à Los Angeles, Sunset boulevard. Sur les trottoirs, la cité des anges cultive sa légende à coup d’étoiles en mosaïque, gravées du nom des stars qui, depuis un siècle, assurent le spectacle. A la porte des grands hôtels, les voituriers mènent le ballet. Un rappeur black lance les clefs de son Humer et sort entouré de bimbos habillées minimaliste, malgré une plastique généreuse. Une présentatrice de la télé la joue Austin Mini et bellâtre torse nu. Tatoué, bien sûr. L’héritier d’une célèbre lignée d’industriels abandonne sa Ferrari. Hier, il avait préféré la Lamborghini bleu pâle, comme les yeux du mannequin qui l’accompagnait. Séance d’apéritif ordinaire à Los Angeles. Ici, pour vivre heureux, vivons show off, sous les sunlights et devant les flashes. Signes extérieurs de réussite exigés. La soirée ne fait que commencer.

Après le champagne servi autour de la piscine d’établissements invariablement bondés, cap sur les restaurants dont on s’arrache les réservations malgré une cuisine aussi affligeante que l’addition. Ensuite, club où le magnum sera offert à la tablée, à moins que la fête se poursuive dans une villa somptueuse de Bel Air, l’invitation est souvent large, à l’abri des regards et des manières que la morale n’admet pas toujours. Les magazines adorent.
Et là, c’est L.A.
A faire, à ne pas faire…
*Il est impératif de louer une voiture dès son arrivée. L.A. est définitivement impraticable en transports en commun et encore moins à pied. Heureusement, louer un véhicule prend 10 minutes.
* Attention non pas à la circulation, toujours fluide, mais à l’immensité de la ville, plus de 100 km, aux 800 km d’autoroute à huit voies, avec échangeurs monstrueux. Stationnement très réglementé. Privilégier les parkings.
* Comme partout aux Etats-Unis, le pourboire (10 à 15% de l’addition au restaurant) n’est pas inclus mais reste obligatoire.
* Côté business, on est d’apparence cool, relax. Méfiance. Dossiers soigneusement préparés, argumentaire très au point et objectif préfixé sont la règle.
* On s’appelle par son prénom dès la première rencontre en échangeant ses cartes de visite. Inutile de préciser que le moment passé ensemble a été « sublime ».
* Pas d’hésitation : inviter ses partenaires de travail, hommes et femmes, au restaurant. De la part d’un Français, il s’agit même d’un devoir obligé. Se montrer alors indulgent dans le choix des vins et louer la qualité des bouteilles produites dans la Napa Valley.
* Durant le week-end, il n’est pas rare d’être invité à venir faire la pause dans la maison de campagne ou dans la résidence des bords de Pacifique. Cheval, tennis, golf, voile…, il est très bien vu d’avoir une passion nature, encore mieux, d’en être un expert.
* Ne pas sourire de la fascination permanente qu’exerce The big One, le grand tremblement de terre qui enverra L.A. dans les bleus du Pacifique.
* Les signes extérieurs de richesse ne sont acceptables (voir exigés) que sur Sunset et Hollywood boulevard. Ailleurs, ne jamais oublier que L.A. est une ville de ghettos où les trottoirs s’embrasent en une minute avec une violence extrême.
Et là, c’est L.A.
Ainsi va Los Angeles, dire LA et prononcer él ai, ville immense (plus de 120 kilomètres étalés le long de l’océan) et définitivement superficielle. Sauf lorsqu’il s’agit de parler affaires, c’est-à-dire millions de dollars. En dessous, on ne se donne même pas la peine de compter. Evidemment, on est ici au paradis du cinéma, du show bizz et du spectacle, même si l’informatique, la mode et le commerce demeurent des piliers de l’économie locale. La Californie avec son regard tourné à la fois vers la novation américaine et vers l’horizon asiatique, impose son caractère et ses ambitions.
C’est dire que cette mégapole peuplée de 16 millions d’habitants, vit à deux niveaux et autant de vitesses. Un centre (Hollywood boulevard) vers lequel convergent toutes les réussites du jour, et d’immenses quartiers qui accueillent au choix les résidences de milliardaires ou des ghettos pour Chicanos (les Mexicains), Asiatiques (Coréens, Chinois, Vietnamiens) venus ici picorer les miettes de la prospérité des précédents. Tous on la même règle d’or : gravir l’échelle de la réussite made in America. C’est simple, elle est mesurée avec un chiffre qui figure sur leur compte en banque. Les loosers n’ont pas vraiment leur place ici. Voilà qui justifie qu’à L.A., on est ou bien on n’existe pas. Ce qui sauve le schéma, c’est que demain matin, tout peut changer : moi géant grâce à mon croissant, toi cassé à cause de la télé. La règle est impitoyable et il n’y a pas de sécurité sociale pour te récupérer. L’esprit cow boy et chercheur d’or veille. Excellente nouvelle pour les conquérants.

Par Marc La Vaissière
Et là, c’est L.A.
A voir si vous avez….

Une heure
Filer sur Mulholland Drive. C’est le panorama le plus célèbre de Los Angeles, immortalisé par E.T. et le film éponyme. Sur les hauteurs de la ville, vue grandiose. Idéal pour méditer sur la fabuleuse énergie et, de nuit, sur la futilité de cet océan de lumières.

Une journée
Rouler tranquille le long des allées de Bel Air pour découvrir le repère des rich and famous. Un immense îlot de résidences de milliardaires. Réjouissant et stimulant. Ensuite, cap sur Venice, la plage de toutes les excentricités, avec sa promenade qui rassemble vieux hippies, artistes et musiciens. Enfin, au choix, le superbe Getty Museum ou bien shopping sur Rodeo Drive pour les amateurs de grand chic ou encore sur Melrose Avenue pour ceux qui préfèrent les tendances du jour.

Un week-end
Se faire inviter à partager le chic de Bel Air ou bien filer vers Las Vegas qui n’est qu’à 3 heures de route et 1 heure de vol. Splendides hôtels, certes, mais aussi passion du jeu, spectacles de grande qualité, restaurants étoilés, fête assurée… et le rêve américain à portée de main. Carte, s’il vous plaît.
Et là, c’est L.A.
Pratique

* Y aller. Air France (3654 et www.airfrance.fr et Air Tahiti Nui
(01 56 81 13 30 et www.airtahitinui.fr sont les deux compagnies qui relient directement Paris à Los Angeles. Toutes les grandes compagnies américaines volent également entre les deux villes mais avec une escale aux Etats-Unis. Le vol dure 11 h 30 et il y a 9 heures de décalage horaire entre la Californie et la France.L’aéroport international est à une bonne heure du centre. Déclaration de voyage obligatoire sur le site https://esta.cbp.dhs.gov au moins 72 heures avant le départ. Sinon, visa exigé.

* Dîner. Aux Etats-Unis, passage viande obligatoire. Los Angeles ne manque pas à l’appel avec The Union Cattle (1301 Manhattan Ave à Hermosa beach, tél. : 00 1 310 798 8227). Réservation obligatoire 72 heures en avance. Chaque soir, les convives assistent à un vrai… rodeo. La piste est au milieu de la salle ! Hélas, un peu excentré. A Beverly Hills, fréquenter la nouvelle coqueluche des dîneurs, Mr Chow (344 North Camden Drive 310 278 99 11). Ketchup, super vue (8590 Sunset Bd, W Hollywood 310 289 85 90) très tendance.
* Boire un verre. Les Deux (1638 Las Palmas Avenue), le plus trendy, ou bien le Teddy’s dans l’hôtel Roosevelt (7000 Hollywood boulevard), très select.

Notre hôtel
Mondrian (8440 Sunset boulevard, tél. : 00 1 323 650 8999), le Hollywood Roosevelt (7000 Hollywood boulevard, tél.: 00 1 888 753 0136) et The Standard (8300 Sunset boulevard, tél.: 00 1 323 650 9090) sont, entre autres, les trois adresses branchées, très branchées du jour. La chambre double s’y négocie à partir de 400 €. La piscine, le bar, le restaurant et le club de chacune de ses maisons contribue chaque jour aux paillettes de Los Angeles.