Et si vous tapiez sur vos voyageurs ?

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On se demande parfois si les voyageurs comprennent tous les mots d’une note de service ? En France, je n’ai pas de doute, même si les « têtes dures » oublient d’appliquer les décisions ou les prescriptions souhaitées. En Inde, on est plus radical. Pas de compréhension égal coup de baguettes sur les doigts. C’est […]

On se demande parfois si les voyageurs comprennent tous les mots d’une note de service ? En France, je n’ai pas de doute, même si les « têtes dures » oublient d’appliquer les décisions ou les prescriptions souhaitées. En Inde, on est plus radical. Pas de compréhension égal coup de baguettes sur les doigts. C’est simple, efficace et cela a le mérite de ne laisser aucun doute sur les objectifs à atteindre.
L’histoire se passe à Delhi. Une entreprise en charge de la distribution de pièces automobiles a constaté depuis deux ans qu'un bon nombre des commerciaux oubliait de retourner les bordereaux de mission établis pour chaque déplacement. De quoi troubler la compta, énerver le patron et mettre en transe (le pays s’y prête) le directeur commercial. Menaces, cris et chuchotements n’y font rien. Retenir sur la paie ? Le turn-over était incommensurable .A priori, pas de solution en vue. Sauf, celle un peu expéditive qui a consisté à mettre en place un barème punitif : 1 oubli, deux coups de bambou sur le doigts. Deux oublis, quatre coups, et ainsi de suite. Les employés n’étaient pas contre et le résultat, quoiqu’on pense du principe, est remarquable: 98% des bordereaux reviennent désormais à la compta. Ce qui veut dire aussi qu'il y a 2% de « maso » dans l’entreprise !
A vrai dire, il y a deux façons de voir les choses. La première, un peu extrême, est dire que le voyageur l’a bien mérité. A force de lui répéter les fondamentaux de l’entreprise,… Il n’a que ce qu’il mérite. La seconde serait de s’offusquer, d’en appeler aux droits de l’homme, de demander un coup de main au tandem José Bové - Daniel Cohn Bendit pour mater le patron indigne. Mais que croyez vous que pense le personnel de tout cela ? Dans une conférence tenue dans une école de commerce de Delhi, deux employés sont venus expliquer les vertus de la correction physique. Selon eux «Elle a le mérite de marquer les esprits et de laisser en mémoire un souvenir de la douleur subie qui évite de recommencer ». Comme la fessée. Etonnant, non ? Dès demain, essayez donc la même chose pour imposer vos politiques voyages. J’ai hâte de voir les résultats…

Hélène Retout