Et si vous vous laissiez prendre au « money managment », une révolution dans le voyage d’affaires ?

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En cinq ans, les évolutions technologiques et les process en place dans l’univers du voyage d’affaires ont profondément évolué. Pourtant, la révolution à venir se prépare peut-être outre-Atlantique. L’idée : réunir le monde de la technologie et faire appel à la responsabilisation du voyageur. Si, jusqu’à ce jour, le voyage d’affaires était piloté du producteur […]

En cinq ans, les évolutions technologiques et les process en place dans l'univers du voyage d'affaires ont profondément évolué. Pourtant, la révolution à venir se prépare peut-être outre-Atlantique. L’idée : réunir le monde de la technologie et faire appel à la responsabilisation du voyageur. Si, jusqu'à ce jour, le voyage d'affaires était piloté du producteur vers le voyageur, il faudra désormais compter sur le "Money Management" qui fonctionne dans l'autre sens, du voyageur directement vers le contrôle financier de l'entreprise.
Au début des années 90, dans une opération commune de communication lors du salon Comdex à Las Vegas, Microsoft et IBM avaient imaginé à quoi pourrait ressembler le monde des déplacements professionnels dans les années 2010. Derrière quelques approches très voire trop futuristes, ils avaient dressés un portrait assez juste des outils technologiques, tactiles et communicants, qui faciliteraient notre environnement professionnel. Dans le principe, rien de bien révolutionnaire si ce n'est que la technologie prenait, discrètement et efficacement, le pas sur le quotidien en débarrassant les professionnels de toutes les contraintes de leur métier. Dans la longue liste des logiciels et produits susceptibles d'aider les acheteurs dans leur travail, les deux géants de l'informatique avaient imaginé des centrales de paiement automatisées et des outils de contrôle des dépenses basés sur la numérisation extrême de notre environnement de travail.
D'une certaine façon, le "Money Management" est la première réponse concrète à cette vision réaliste qui lie l’internet à la mobilité. D'un côté, le besoin d'économies que la négociation corporate ne suffit pas à trouver. De l'autre, la grande habitude des jeunes cadres faces aux outils informatiques, que ce soient des comparateurs d'achat ou des systèmes d'optimisation du voyage. Concrètement, le "Money Management" est le pilotage du voyage par le voyageur lui-même. À partir d'une grille établie qui référencie les coûts moyens des voyages par destination, chaque voyageur assure lui-même l'organisation, la recherche du meilleur prix et le paiement en ligne de son déplacement. Le SBT implanté dans l'entreprise joue à la fois un rôle informatif sur les tarifs ou sert de base de réservation pour tous ceux qui ne veulent pas se transformer en agent de voyage. Mais pas de contraintes. Sortir du SBT est permis voire conseillé si l'on trouve moins cher ailleurs. La validation financière, par le biais d'une carte de paiement dédiée, est assurée par le voyageur dans la limite du crédit qui lui est attribué. La création immédiate d’un dossier voyage sera complétée au retour par des notes de frais numérisées. Ce n'est pas le service « achats » ou le Travel Manager qui gèrent le voyage mais le voyageur qui informe en temps réel son service financier. Gain de temps, économies éventuellement redistribuées aux services pour optimiser le confort des voyageurs… Les initiateurs parient que le best buy permanent complète très efficacement la négociation préalable pour nourrir le SBT. A voir. En tous cas globalement, voilà donc quelles seraient les grandes lignes du "Money Management". J'écris « seraient » car toute les technologies sont en cours de développement et les différentes expérimentations menées aux États-Unis démontrent qu'il reste encore quelque point à peaufiner avant d'en faire une référence internationale.
A priori, selon les quelques entreprises qui travaillent sur le sujet, cette approche « end to end » gérée par le voyageur ne sera pas en place avant la fin des années 2015. De quoi s'habituer à l'idée que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même.

Philippe Lantris