Etes vous réellement « vendable » ?

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Au risque de vous surprendre, les chasseurs de tête ne travaillent pas seulement en fonction des résultats que vous avez obtenu dans le passé mais en cherchant à deviner ce que vous pourriez valoir dans quelques années. L'entreprise ne perçoit plus le salarié comme un outil de travail mais comme un investissement. C'est cette nouvelle notion de "rentabilité professionnelle dans le temps" que dévoile Harry Slorty dans un livre à paraître dans quelques jours en Angleterre. Il explique que les CV, comme l'attitude face à un recruteur, doivent évoluer. A la clé, de belles perspectives de carrière.

"Sans une vision réelle de l'avenir, vous ne resterez qu'un simple exécutant", explique Harry Slorty dès les premières pages de son ouvrage, "Ce qui fera la différence, c'est votre capacité à vous projeter dans le temps, à anticiper la vision d'un marché et à mettre en place les schémas et les process du développement que vous porterez dans l'entreprise qui vous accueillera". C'est ce qu'il nomme la "future attitude". Un mélange de ce que vous savez faire et de ce que vous risquez de faire ou souhaitez faire demain. D'autant, et l'auteur le détaille, que "L'uniformité des CV et des lettres de motivation toutes faites a fini par lasser les recruteurs qui en veulent plus, beaucoup plus. L'originalité, sans exagération, est devenue une qualité rare. Une vraie carte de visite". Le risque aujourd'hui n'est plus dans l'excès mais dans la retenue.
Alors concrètement, qu'attendent ces patrons plus soucieux de la forme que du fond ? "Une vision", affirme clairement Harry Slorty, "Une approche de l'avenir. Une sorte de veille permanente qui fait le tri entre l'innovation sans futur et les méthodologies réellement nouvelles". Et c'est cette vision qui doit ressortir des premiers entretiens. Cette vision, équilibrée par la réalité et portée par l'expérience. C'est ce mélange subtil qui rend bankable le candidat. Pour autant, et l'homme de l'art ne le cache pas, il faut savoir jauger son interlocuteur, ne jamais en faire trop, rester dans la réalité actuelle du marché et positionner ses arguments en fonction de l'entreprise que l'on vise. Un équilibre subtil qui, au final, se révèle payant. Une nouvelle façon de postuler sans doute pour de nouvelles formes de carrière professionnelle.

Alain Joyet
Sociologue d'entreprise