Etihad reconnait qu’« Alitalia lui a coûté cher »

106

Comme dans beaucoup de couples qui se séparent, les déchirures remontent à la surface et chacun attribue à l’autre les raisons de l’échec. Le couple Etihad/Alitalia n’échappe pas à la règle et nombreuses sont les critiques qui font aujourd’hui surface.

La déclaration de faillite ouvre la boite de Pandore. Côté italien, on reproche à Etihad de n’avoir eu qu’un seule objectif en prenant des parts dans la compagnie italienne : trouver à Rome de quoi alimenter le hub d’Abu Dhabi. "Il n’y avait pas de réelle volonté de développement au-delà de la seule volonté de drainer les passagers italiens vers un aéroport du Golfe", affirment aujourd’hui les syndicats aux journalistes italiens qui les interrogent sur leur position, souvent jugée un peu trop radicale. "L’argent investi n’a servi qu’à ce but sans réellement se soucier de l’image et de l’avenir de l’entreprise italienne", martellent les salariés qui reprochent qu’aucun projet stratégique n’ait été réellement présenté. Mais en se prononçant contre le projet de relance à plus de 67 %, les salariés ont donné le coup de grâce qu’attendait Etihad pour clore le dossier.

Pour Etihad, désabusé, "Tout a été fait pour sortir la compagnie du marasme qu’elle traversait, estime James Hogan, le PDG de la compagnie. Selon des proches néanmoins, "L’investissement dans Alitalia s’est fait sans réelle vision des difficultés que traversait la compagnie italienne" et l’interlocuteur d’ajouter: "Il y avait une sorte d’euphorie à l’idée de prendre pied en Europe et de diriger plusieurs compagnies qui auraient été capables de participer à notre développement dans le monde".

Cet échec, qui s’accompagnera du départ de James Hogan au second semestre 2017 mais aussi de celui du Français Bruno Matheu, est relativement mal vécu en interne de la compagnie du Golfe. Etihad prépare un vaste plan de réorganisation qui devra remettre à plat l’ensemble des investissements déjà réalisés et proposés une relance forte de l’activité qui traverse quelques difficultés depuis le début de l’année 2017.

Selon la Stampa ce mercredi matin, et malgré les dénégations de Lufthansa, Etihad pourrait vendre ses parts d’Alitalia à Lufthansa et se rapprocher un peu plus de la compagnie allemande devenue son partenaire il y a quelques mois. Il est vrai que les déclarations du patron allemand il y a quelques jours, à l'occasion de la publication des comptes de son groupe, étaient un peu ambigües: "Nous ne sommes pas là pour acheter Alitalia". Ce qui ne veut pas dire que rien ne peut se faire. Et on ne prête qu'aux riches...