Etude Epsa DeplacementsPros.com: «Evaluer le ROI du déplacement, c’est l’enjeu de demain»

319

Le marché du voyage d’affaires reprend des couleurs : il progresse davantage en 2013 qu’en 2012 et atteint une croissance de 2,4% à 26 milliards d’euros, alors que les analystes s’attendaient à une croissance de 1,7%. Les grandes masses restent les mêmes. Le Mice progresse plus que l’aérien, l’hôtellerie ou les loueurs de voitures par exemple.

Moment attendu lors du premier jour du Market Place des Déplacements Professionnels, les chiffres du marché évalués par le cabinet Epsa, publiés en partenariat avec DeplacementsPros.com. C’est donc devant une salle pleine de Travel Managers, acheteurs et fournisseurs de ce secteur que Matthieu Gufflet s’est soumis à l’exercice de la publication mais aussi de l’analyse des tendances, avec la lecture en contrepoint de Simon Renaud, co-fondateurs de 3mundi.
Le voyage d’affaires représente aujourd'hui un marché de 26 milliards d’euros en France, en progression de 2,4% par rapport à 2012. Les chiffres dans le détail (voir PDF ci-dessous) montrent que les dépenses dans le transport aérien ont augmenté de 3,5%. Le prix moyen des billets d’avion ayant baissé de 2%, selon les chiffres du BAR, cela montre que le volume global a progressé. Le rail enregistre pour sa part une progression de 1,5%.

Côté dépenses globales du déplacement professionnel, l’hébergement enregistre une augmentation de 3%, la restauration de 2,5%, les dépenses diverses (taxis, parkings, péages) de 2%, si bien que le total des frais de mission progresse de 2 ?9%. Le Mice enregistre lui aussi une croissance de 2%, tant et si bien que la progression globale est nette, de 2,4%

Contrairement aux attentes, l’intermédiation remonte en 2013, de 1,5%. Une tendance qui s’explique par la progression des centrales hôtelières et autres canaux nouveaux sur ce secteur qui, en permettant de suivre les dépenses, incitent les entreprises à faire appel aux services de ces fournisseurs. Au contraire, les achats dans le transport aérien se font de plus en plus en direct et comme chaque année depuis 3 ans que le cabinet Epsa réalise cette publication des chiffres du voyage d’affaires.

Le transport aérien

Une vraie reprise marque l’année pour le transport aérien, avec une croissance de 2,4% poussée par les low cost . Il enregistre une prévision de croissance de 3 à 7% au premier semestre, certainement plus de 4% pour l’année.
La montée des frais annexes est réelle grâce à la simplification de sa gestion et son inclusion dans les canaux de réservation. Plus de transparence et plus de technologie permettent de pousser la consommation. A noter que les voyageurs d’affaires utilisent de plus en plus leur smartphone pour gérer leurs déplacements en mobilité, ce qui leur facilite la vie.

Le ferroviaire

Peu d’acteurs, un lancement –Ouigo- qui devait être révolutionnaire mais qui ne réalise finalement pas les taux de remplissage prévu. Le TGV stagne, il est même à nouveau concurrencé par l’avion sur certains axes comme Paris-Bordeaux ou les low cost et la baisse globale du prix des billets d’avion rendent le train moins compétitif. Les entreprises et les voyageurs ont d’ailleurs un comportement très « loisirs » sur le ferroviaire, plus que dans l’aérien, ils remettent donc en cause les prix en permanence. Les perspectives : la croissance de Thalys avec le lancement de Lille-Amsterdam et le renforcement des lignes pour Düsseldorf devraient améliorer la situation, ainsi que les innovations sur le Paris-Bordeaux.

Remarque de S. Renaud (3mundi) : Il faut bien noter que l’intermédiation est finie pour le transport. Des dizaines d’application permettent de faire des alertes ; le marché loisirs, très désintermédié, influence les comportements dans les achats professionnels. Les TMC ont de plus en plus de mal à justifier leur valeur ajoutée sur ce créneau parce que les prix sont transparents. Il faut donc renforcer tous les services et savoir faire complémentaires, désintermédier tout ce qui peut l’être tandis que tout ce qui mérite du temps doit être assumé et rémunéré.

Les loueurs de voiture

Un marché très concurrentiel en termes de prix et d’agressivité. Il y a eu beaucoup de changement en 2013, passage de l’un à l’autre des entreprises, sans complexe, en raison de cette agressivité. Les canaux ne sont pas encore tout à fait optimisés. Les innovations résident dans des entreprises comme Carbox pour optimiser le recours à l’optimisation des véhicules. C’est globalement un marché qui évolue peu, avec peu de marges de manœuvre. Il est très mature par rapport à d’autres.

L’hôtellerie

Au contraire de la location de voitures c’est un marché en pleine évolution avec plus de visibilité et des outils de gestions qui se mettent en place dans les entreprises, développés par les réseaux d’agences, les TMC ou les réseaux hôteliers. C’est pour cette raison que l’intermédiation augmente.

Dans le même temps les prix de la nuitée ont également augmenté. Il y a de plus en plus adéquation du prix attribué dans l’entreprise (politique voyages) et du prix réel pratiqué. Les acheteurs connaissent mieux le marché et leur propre consommation grâce à un meilleur reporting et de meilleurs outils de traçabilité (cartes, outils de réservation) qui fournissent des éléments concrets. Il n’était pas rare qu’en 2011 une entreprise référence entre 500 et 1000 hôtelspar programme. Aujourd’hui il n’en reste souvent que 250, ce qui simplifie les discussions à tous les niveaux et limite les contrats. Les canaux permettent de rationnaliser la dépense.

S. Renaud : On est ravis de voir qu’il y a des outils qui se mettent en place pour donner la possibilité d’intégrer 3 ou 4 centrales pour donner une vraie visibilité sur les achats hôteliers.
Aujourd’hui, il y a des petits nouveaux comme AirBnB ou Morning Croissant qui constituent une alternative à l’hôtellerie traditionnelle, que j’utilise moi-même. C’est nouveau, complémentaire et non alternatif à l’hôtellerie. Cela représente environ 20% du marché.

Les agences de voyage

Il y a 2 ans, il y avait un vrai problème en qualité. Aujourd’hui, le taux de satisfaction passe de 60 à 80%, une belle progression. Dans le même temps, le on line fait une très belle progression. Il absorbe aujourd’hui la moitié des réservations. Le trafic simple est bien optimisé. Il reste encore des efforts à faire pour trouver un vrai modèle économique car la transparence, réelle, lui nuit. Il faut que la TMC trouve une solution à la baisse des fees. Sa valeur ajoutée réside évidemment dans le trafic complexe. Elles enregistrent aujourd’hui une croissance de 2% du volume géré : elles ont fait la preuve que l’intégration complète de l’efficacité des solutions avec note de frais, résa, pour l’ensemble du poste Déplacements professionnels.

S. Renaud : C’est tout l’atout des TMC aujourd’hui, d’avoir associé SBT + expense+ gestion des contrats avec les fournisseurs, pour avoir un vrai rôle de conseil et de suivi du business travel de l’entreprise. En fait la Travel Management Company est une chose, on devient des TSC, des Travel Solution Company.

Les frais de mission

Il y a encore des enjeux forts sur ce poste, par exemple la récupération de la TVA. Un certain nombre d’entreprises y travaillent. Le rôle de la TMC (ou de la TSC) est de trouver la solution qui permet de résoudre la gestion et surtout de la simplifier.

Le MICE

Il enregistre une belle évolution, inattendue. Le souci c’est qu’il n’y a aujourd’hui pas d’outil qui permette de suivre la totalité de l’événement. Ce n’est pas difficile de trouver des synergies avec les transporteurs ou l’hôtellerie, mais il reste à voir la partie créative. Comme c’est un marché de 6 milliards d’euros, il y a pourtant intérêt à bien calculer le ROI !

Les attentes du marché

- La maîtrise des coûts, encore et toujours (déplacements mais au sens large, pour intégrer la note de frais)
- La mobilité. Aujourd’hui 73% des voyageurs d’affaires ont un smartphone et l’utilisent pour gérer leur mobilité. La technologie que l’on subissait est devenue un outil.

Sur les 2 ou 3 dernières années, il y a eu une vraie évolution du marché, avec la mise en place de politique voyages, des moyens de paiement, l’amélioration du reporting ou encore la simplification du nombre de fournisseurs. Cela fait, il faut maîtriser la consommation, piloter les contrats, les process, l’industrie a globalement bien évolué.

Il reste que ces efforts sont basés uniquement sur le coût, s’accompagnant de frustration chez le voyageur parce qu’il manque une réflexion réelle sur la pertinence du déplacement, la satisfaction globale sur le voyage, la création de valeur. Il reste encore 30% de déplacements qui ne servent à rien, peu d’évaluation de la qualité du voyage par rapport à la qualité du déplacement. Il faudrait adapter des conditions dégradées lorsque les enjeux sont peu importants, et des conditions optimales lorsqu’il y a de gros contrats à négocier, de gros enjeux. Il faut désormais parler qualité, au lieu d’évaluer la quantité de déplacements, et adapter la politique voyages au ROI du déplacement.

S. Renaud : Oui, le marché français a beaucoup évolué. Mais beaucoup d’entreprises ne sot pas implantées qu’en France. Le gros enjeu aujourd’hui, c’est d’avoir une solution européenne pour les déplacements professionnels.