Exclusif : achats publics, le voyage est remisé aux oubliettes

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Selon sa propre couleur politique, chacun pourra interpréter cette information à sa façon. Mais attention, il ne s'agit pas d'avoir une vision partisane des faits mais une approche pragmatique. Toujours est-il que, selon nos informations, l'achat de voyages ne sera pas mutualisé pour l'administration, comme semblaient le laisser croire les propos du Président de la République en mars dernier.

Nous avions à l'époque titré sur le fait qu'une telle action conduirait à 14 % de déplacements en moins Des chiffres confirmés depuis mais qui ne reflètent pas la réalité des besoins. A ce jour, malgré la réunion d'une commission spécialisée dans les achats publics, le voyage est abandonné sur la route de la réforme. "Pour mutualiser les voyages, il faudrait une structure capable de mesurer les besoins, de les anticiper et de les gérer ce qui, en l'état actuel de l'administration publique, est impensable voire irréalisable", explique notre interlocuteur sous réserve d'anonymat. Et de fait, il confirme que pour l'heure, chaque administration pilote et pilotera ses besoins en matière de déplacements professionnels avec appel d'offres auprès de gestionnaires privés pour les réaliser. "Même si la volonté politique existe, sa mise en place couterait des millions d'euros pour un volume d'économies qui reste relativement faible", poursuit notre spécialiste qui ajoute "ce qui serait valable pour des voitures ou des crayons ne l'est pas pour des billets de trains".

Autre sujet complexe, l'uniformisation des "per diem", différents d'une administration à l'autre et l'uniformisation d'une politique voyages. Impensable, il y aurait plus de 100 politiques différentes appliquées en France, nous dit-on! Aucun point commun entre EDF et l'armée, voire la Poste et la santé. "Nous avons conscience du travail énorme à réaliser pour mettre à plat toutes les différences", reconnait notre spécialiste, "Mais la volonté actuelle n'est ni de perdre du temps, ni de l'argent, pour remodeler des décennies de politiques internes, sans cesse adaptées".

Il reste que l'idée n'est pas totalement abandonnée et que des audits internes sont en cours pour analyser le poste "déplacement" de plusieurs grandes administrations. Rien de très précis avant 2017. Ai-je besoin de préciser que cette date sera plus propice aux élections qu'aux économies publiques ?

Hélène Retout