Faut-il écrire pour faire plaisir ?

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La vie d'un média comme le nôtre, très thématique et éloigné des sujets passionnants comme la vie de Valérie Trierweiler ou le scooter de son ex cher et tendre, est faite de rencontres, de confidences, de sources bien informées et de relations directes avec celles et ceux dont la finalité est de discuter avec les acheteurs. Il est naturellement difficile de trouver un équilibre parfait entre le lecteur et le fournisseur. Mais comment faire ?

Si je pose cette question, c'est qu'après la soirée de l'AFTM fréquentée par de nombreux fournisseurs, cette interrogation a été plusieurs fois remise sur le tapis. Il faut dire que l'on nous a reproché quelques titres "racoleurs" dont la finalité était de faire lire des informations essentielles. Nos petites astuces professionnelles pour vous attirer étonnent parfois ceux qui, dans leur domaine, font tout autant voire pire. À l'époque de la communication tout azimut, il faut parfois se différencier, non pas pour faire un coup, mais pour attirer le maximum de lecteurs vers des sujets qui nous semblent essentiels. Nous sommes des cuisiniers conscients que tout le monde n'apprécie pas notre tambouille.

Toujours à l'occasion de cette soirée de l'AFTM, quelques salariés de nos grandes entreprises nous reprochaient de trop en dire sur leurs déboires commerciaux. Remarques déjà formulées par une syndicaliste d'une très grande TMC qui était persuadée que toute bonne vérité devait rester secrète. Cette vision d'un monde proche de "oui-oui fait du voyage d'affaires" nous semble un manque cruel de respect pour nos lecteurs, leurs clients. Si l'époque est à la concurrence acharnée, voire destructrice parfois, c'est la solidarité qui construit l'avenir. Nous ne sommes pas naïfs, notre critique sur tel ou tel sujet ne s'inscrit pas dans le temps. C'est juste un constat à un instant T. Quand une entreprise est mauvaise, elle n'a pas besoin de la presse pour la couler. Nous ne sommes pas les ambulances du dernier souffle. Depuis 2009, aucune société n'est venue nous accuser de l'avoir conduit à son dépôt de bilan. Nous n'avons pas ce pouvoir. Tant mieux !

Par définition, le travel management se veut discret. Il exploite le "pour vivre heureux vivons caché".  Il a tort. Les TMC vivent dans le secret et les fournisseurs se voilent derrière leurs clients pour se taire. Mais côté acheteurs aussi, la frilosité est de mise. Tout cela est à l'opposé de ce que tous souhaitent : voir leur métier reconnu. Il y a à peine une semaine, un patron d'une très grosse société me disait "les voyages, y'a un type aux achats qui les gère, j'ai pas son nom". Il parlait d'un TM dont le budget dépasse les 5 millions d'euros. La discrétion c'est la mort du savoir vendre, du savoir-faire, du savoir dire. Bien sûr, la nature humaine n'est pas parfaite. Elle est faite de rancœur voire de rancune. Là aussi, la presse le sait, le droit à l'oubli est si rapide aujourd'hui que c'est demain qui prime. J'ai vu quelques politiques en vouloir à de prestigieux journalistes. Au final, cela ne servait personne. Même pas eux. La rivalité entre Nicolas Sarkozy et Franz-Olivier Giesbert est de notoriété publique. A t-elle conduit l'ancien Président à sa défaite ? Ce serait stupide de le croire.

Quel est alors  le rôle d'un média comme le nôtre : informer des lecteurs qui partagent un univers commun, le déplacement professionnel. Dans notre métier, c'est un grand écart car il faut à la fois informer l'acheteur, satisfaire les dizaines d'assistantes qui tous les jours achètent et suivent les voyages de leurs entreprises sans oublier les professionnels qui, eux aussi, assurent une veille technologique et commerciale via DeplacementsPros. Nous sommes un petit quotidien dans un univers d'affaires méconnu de l'entreprise et du grand public. C'est toute notre force. Nous ne pouvons que grandir.

Cette gymnastique, nous la pratiquons aujourd'hui le mieux possible. Du moins de notre mieux. Libre à vous de juger. La simplification de la lettre quotidienne engagée en juin dernier semble plaire : nous avons enregistré une progression des visiteurs de plus de 20 % en ce mois d'octobre 2014 comparé au mois d'octobre 2013. Idem pour novembre. Nous avons atteint le million de pages vues avec un taux de lecteurs fréquents  important, preuve que nous sommes désormais inscrits dans le quotidien. Octobre comme novembre auront vu les 201 000 visiteurs atteints. Décembre et janvier seront sans aucun doute plus faible, ne serait-ce qu'en raison des fêtes qui "grignotent" une semaine de chaque côté de la nouvelle année.

Plus lisible, plus organisée et moins mono thématique, la newsletter s’adapte mieux à toutes les fonctions du travel manager, du spécialiste du CAC40 à l’assistante via les chefs d’entreprises de petite taille. Selon vos commentaires réguliers, les choix éditoriaux engagés depuis le début 2014 vous plaisent.
Au-delà de ces chiffres, c’est la structure même du lectorat qui se stabilise. Si la lettre quotidienne touche près de 98% des acheteurs du CAC 40, elle intéresse aussi plus de 75 % des acheteurs « voyages » toute appellation confondue. Cette lettre quotidienne va encore bouger en 2015 et pour nous aider n'hésitez pas à participer à notre grande enquête lecteur.

Alors, faut-il écrire pour faire plaisir ? A l'évidence et sans l'ombre d'un doute, non ! Il faut écrire pour raconter, expliquer et dévoiler. C'est utile à tous, à tous les domaines à toutes les structures. A notre époque, un secret à une durée de vie limitée d'autant que par définition dès qu'il est connu par 2 personnes, il y a toujours un journaliste derrière. Les Echos sont l'excellent exemple de cette affirmation. Une avant-première par jour ! Qui irait l'idée de ne pas lire les Échos, même si les journalistes l'ont égratigné.

Ne cherchez pas un quelconque message dans ce texte. Nous qui nous promenons tous les jours dans vos jardins, il était normal que nous puissions ouvrir le notre à la veille de la lettre numéro 2000. C'est juste un constat pour répondre aux questions posées lors de cette soirée associative. C'est pour nous la preuve de l'intérêt que vous portez à DéplacementsPros qui, sans vous, ne serait resté qu'une idée dans la tête de quelques journalistes.

Marcel Lévy
Rédacteur en Chef