Faut-il militariser les voyageurs d’affaires ?

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Les deux Français enlevés hier au Nigéria viennent s'ajouter à la liste de ceux déjà otages d'organisations religieuses ou politiques qui sévissent principalement dans des pays politiquement déstabilisés. Des pays où règnent des bandes armées, le plus souvent d'obédience islamique, parties en guerre sainte contre les occidentaux.

Ce sont les faits. Il ne nous appartient pas de juger du bien-fondé ou non des combats menés par des minorités persuadées que l'environnement économique et politique leur est défavorable. Même si l'on peut regretter que le dialogue n'existe pas, il faut désormais se limiter aux faits. Le constat sécuritaire que l'on peut dresser dans ces pays instables et difficiles à maîtriser pourrait se résumer par l'analyse des décisions que viennent de prendre des sociétés américaines qui travaillent dans des pays en guerre ou sur des zones réputées difficiles. Leur choix est radical : il faut militariser le voyageur d'affaires ou lui fournir l'encadrement militaire nécessaire à l'exercice de ses fonctions.
Pour ces entreprises de la chimie, de l'ingénierie ou du pétrole, il ne suffit pas de former le voyageur aux techniques de combat appliquées par les Marines ou des commandos spécialisés. Il faut leur fournir un encadrement militaire suffisamment compétent pour réagir en cas d'intervention militaire des groupuscules armés. En 10 ans, plus d'une centaine de sociétés se sont spécialisées aux États-Unis dans ce type d'encadrement. Si leur formation est assez musclée, et leurs tarifs plutôt élevés, force est de constater que sur le terrain, cette approche donne plutôt de bons résultats. Outre cet encadrement, les entreprises américaines se sont également décidées à former leurs voyageurs. Il y a désormais un profil minimum à avoir pour se rendre dans des pays réputés dangereux ou difficiles. Les sociétés pétrolières américaines ont, par exemple, établi depuis longtemps le profil des ingénieurs susceptibles de se rendre en Irak. Ils sont plutôt sportifs, musclés et aptes à se défendre un minimum grâce à des cours de close-combat et de maniement d'armes personnelles. Bien évidemment, seuls les volontaires qui acceptent de telles contraintes peuvent suivre les stages et se rendre dans les zones concernées. Là aussi, le constat est sans appel : à ce jour, les entreprises ont trouvé plus de volontaires que nécessaire pour se frotter à ce type de séjour pourtant risqué.
Il n'y aura donc pas de solution sécuritaire sans un encadrement et un accompagnement musclé et efficace. Il faut désormais accepter le fait que travailler dans des pays complexes demande une formation militaire en accompagnement du savoir de base. C'est un fait acquis et non plus un simple conseil. Il reste à savoir s'il faut aller jusqu'à risquer de perdre sa vie pour la gagner....

Hélène Retout