Faut-il totalement repenser Heathrow ou fermer les aéroports urbains actuels ?

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Le développement exponentiel du transport aérien ne pose pas seulement un problème écologique aux dirigeants de la planète. Très rapidement, il faudra repenser les aéroports pour les mettre aux normes d'urbanisme du 21ème siècle, assurer une liaison aisée avec le centre ville et permettre au trafic aérien de rester fluide en toutes circonstances. Selon les experts, il faudra en moyenne quatre à cinq pistes par aéroport principal, selon la taille du pays et son développement aérien. Première plateforme montrée du doigt, Heathrow et ses retards fréquents.

Ne parlez pas d'Heathrow aux compagnies aériennes européennes, elles auraient vite fait de vous dire que la priorité est accordée aux avions de British Airways et qu'elles doivent se débrouiller pour passer au milieu. Procès d'intention ? Un peu, même s'il faut bien remarquer que le T5 de BA monopolise une partie des ressources aériennes. Mais au delà de cette gué-guerre (que l'on évoque dans tous les pays du monde face à la compagnie nationale, même si elle est privée), il est clair aujourd'hui qu'il faudra, d'ici 20 ans, repenser nos aéroports. Pour les anglais, le problème est d'autant plus crucial que l'espace aérien est encombré et que plus d'une centaines de rotations supplémentaires sont attendues par toutes les compagnies internationales qui visent Londres comme destination. Mais le cas de figure britannique est un cas d'école. Paris, comme Francfort, savent qu'il faut anticiper la croissance. ADP a pris en charge cette difficile question mais pourrait rapidement se heurter aux riverains qui, proches ou lointains, commencent à pester contre les mouvements d'avions au dessus de leur tête.
Autre constat, si Heathrow a pensé aux liaisons avec le centre de Londres, Roissy ou Orly n'en finissent plus d'imaginer de grands et nouveaux projets même si à ce jour aucun n'est réellement satisfaisant. La mise en place d'un Roissy Express via le RER est toujours un vœu pieu, que le projet du grand Paris pourrait enfin régler. Cette question, Nice, Toulouse ou Lyon auront à se la poser même si tout est prévu à ce jour pour permettre à ces plateformes secondaires de grandir sans avoir à se prendre la tête sur leur environnement direct. Mais si l'aéroport est considéré avant tout comme un point de départ, il faut aussi l'imaginer comme un point de vie. Les transits de plus de 4 heures seront nombreux dans les 20 prochaines années. Faire de l'aéroport un centre de détente, de commerces et de loisir est l'autre pari que font les exploitants. Il faut désormais penser à très long terme et intégrer le besoin de rénovation avant même que les nouveaux bâtiments ne soient construits. Une galère. Désormais, l'aéroportuaire sera plus affaire d'anticipation que de création. Là est tout le pari.

Hélène Retout