Fly Frenchy ? Pourquoi ne pas choisir Air France?

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Une étude américaine réalisée par la Business Travel Coalition démontre que pour 76 % des voyageurs américains, le slogan lancé par Obama fait mouche. Le "fly américa" qui fait préférer les compagnies américaines aux transporteurs étrangers semble payant et pourrait expliquer la forte reprise commerciale des American Airlines, United et autres compagnies US.

Les entreprises américaines volent américain, pourquoi pas. Et pourtant, à lire les témoignages des voyageurs d'affaires qui utilisent les majors américaines, tout n'est pas rose. Sur le domestique, les avions sont souvent vieillots et mal entretenus. Les pannes techniques autour du siège ou les services inexistants sont le lot quotidien des voyageurs. À l'international pourtant, ce "Fly America" reste très appliqué et ce, même si le prix du billet d'avion est légèrement supérieur à celui des compagnies concurrentes étrangères.

En fait, choisir le "fly america" c'est d'abord une affaire de culture avant d'être le fruit de la simple recherche du best buy. "Faire travailler une compagnie américaine c'est faire travailler l'Amérique" expliquait Obama en lançant cette campagne aux premiers jours de la crise économique de 2008. Et les chiffres du DOC (Department Of Commerce) semblent le confirmer. Pour un voyageur qui se déplace, ce sont une dizaine d'emplois au sol qui sont ainsi préservés. C'est dans la culture outre Atlantique (voire anglo-saxonne) que de se serrer les coudes face aux difficultés.

On serait tenté de dire qu'il pourrait en être de même chez nous. Savez-vous qu'Emirates, Etihad ou Qatar ne représentent qu'1% (oui 1% !) du trafic aérien français. Sur le domestique, les compagnies françaises pèsent 46%, 38 % à l'international et 26 % sur l'européen. Les enjeux qui s'annoncent sur le développement du transport aérien sont complexes et ces chiffres, issus de l'Aviation Civile, démontrent que l'avenir est ouvert à qui saura se développer. Beaucoup ne s'en privent pas !

Mais au-delà des datas brutes, le Fly Frenchy est loin d'être aussi ridicule que ne le pensent nos acheteurs. Ce n'est pas simplement une expression par trop nationaliste. Au contraire, et comme aux USA, elle pourrait devenir la base d'un mouvement qui - de Air France à XL Airways via Air Caraïbes ou Air Austral - offrirait aux passagers un sentiment de réussite nationale, loin du French bashing dépassé que l'on croise chez les voyageurs français.

"Que voulez-vous" me disait un patron de compagnie aérienne étrangère amusé par notre comportement, "Notre développement s'appuie sur votre capacité à repousser tout ce qui est français". Bien vu. Il reste à construire ce fly Frenchy autour d'une réalité. Commercialement, toutes les compagnies françaises qui gèrent du voyage d'affaires se sont très nettement améliorées. Avec sa montée en gamme, Air France a fait un bond en avant incomparable et les classes affaires de Corsair ou Air Caraïbes n'ont pas grand-chose à envier à bon nombre de leurs concurrentes. Et mon interlocuteur de poursuivre: "Il faut éviter de tomber dans le piège marketing d'un toujours plus qui n'est qu'un miroir aux alouettes. Dans un avion on veut bien manger, bien dormir, bien travailler. Aujourd'hui, nous offrons tous une réponse efficace à cette demande".

Alors où est le problème ? Incontestablement, dans le prix. XL Airways l'a bien compris en devenant aussi bon sur ses tarifs qu'une low cost installée sur le court et moyen-courrier. On le sait, le yield ne permet toujours pas la compétitivité même si, depuis peu, les tarifs de Hop! s'adaptent au réalisme du marché. Il reste donc à Air France à faire cet effort tarifaire qui saura séduire. Il parait que le projet serait dans les cartons et que les offres de fidélisation qui s'annoncent vont conquérir acheteurs et voyageurs. Un premier pas vers le Fly Frenchy ?. Souhaitons-le !

Marcel Lévy