#GenerationY : Selon Thomas Busser (easyJet), « Le modèle low-cost est un atout que de nombreuses compagnies tentent de copier »

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DéplacementsPros est allé à la rencontre de jeunes collaborateurs évoluant dans le marché du business travel depuis plusieurs années. Que cela soit dans l'aérien, en agence ou bien encore aux achats, tous ont été témoins de la mutation du secteur et ont contribué aux développement de nouvelles offres/solutions au sein de leur entreprise.

Diplômé de l'ESCAET en 2008, Thomas Busser est aujourd'hui Responsable des Relations Publiques & Affaires Publiques pour Easyjet. Collaborateur de la compagnie aérienne depuis 2012, il a, entre autres, participer au développement de l'offre Business et à l'évolution de l'image de la marque.

Quel est votre parcours dans le marché du voyage d’affaires ?

J’ai effectué un premier stage chez AMEX GTB, puis j’ai rejoint l’équipe d’Avexia pour m’occuper de cette nouvelle entité au département Communication. J’avais en charge la mise en place de la marque et de la faire connaître auprès des clients. Grâce à sa petite taille, j’ai pu 'toucher à tout', dont à la mise en place de partenariats avec des opérateurs qui cherchaient à développer une clientèle Affaires. Cette expérience m’a permis de rejoindre easyJet pour créer l’offre Business. Nous avions les connaissances pour nous adresser à une cible BtoC, mais pas pour le marché Corporate, ce qui a demandé de nombreux investissements financiers et humains. A ce jour, je m’occupe de la réputation de la compagnie aérienne au poste de European Public Relations and Corporate Affairs Manager.






Comment passe-t-on d’un modèle low-cost BtoC à une compagnie qui propose des offres Affaires ?

Le modèle low-cost n’a jamais été un frein mais plutôt un avantage car nous sommes arrivés à une période où l’objectif premier pour les entreprises était de réduire les coûts. Nous n’avons pas eu de difficulté à nous imposer en tant qu’alternative sur les vols court et moyen-courriers. Notre avantage était double : nous étions très attendus sur les prix et déjà intégrés aux politiques voyages grâce aux voyageurs eux-mêmes. L’objectif était avant tout de mettre en valeur nos options propres à l’offre Business telles que le billet Flex ou le Speedy Boarding.
Lorsque la tendance aux économies a commencé à s’inverser, nous l’avons ressenti certes, mais dans une certaine mesure puisque nous proposons de très nombreux vols quotidiens, ce qui est une vraie plu-value. Les voyageurs d’affaires peuvent également échanger leur billet facilement : nous offrons plus de flexibilité sur les horaires et les tarifs. Le confort sur un court ou moyen-courrier n’est pas un critère essentiel. Aujourd’hui, les entreprises préfèrent réaliser des économies sur ce type de trajet afin de pouvoir les réinjecter dans une classe Business à l'occasion d’un vol long-courrier.

Quelle est la clé du succès pour réussir à séduire cette cible Affaires ?

Tout commence par l’horaire du vol. Sur un vol court on recherche avant tout la praticité. Il faut proposer plusieurs horaires sur un rythme quotidien, selon les lignes bien entendu. Il est également important de communiquer sur les bénéfices à choisir Easyjet et 'casser' les a priori que l’on peut avoir dès lors que l’on entend le mot 'low-cost'. Contrairement à Ryanair par exemple, nous avons fait le choix de ne desservir que les aéroports de proximité tels que Roissy ou Orly sur Paris. Ceci nous permet aujourd’hui de fidéliser la clientèle Affaires, autrefois plus volatile. Au final, le modèle low-cost est un atout que de nombreuses compagnies aériennes 'classiques' tentent de copier.

Face à quels freins avez-vous dû vous confronter ? Et quels sont ceux rencontrés encore aujourd’hui ?

Le frein principal est le marché du Business Travel en lui-même. Il y a trop de process et easyJet à l’époque est né d’un modèle basé sur du online, nous faisions de la vente directe. La compagnie a dû s’adapter afin de pouvoir vendre ses produits sur d’autres plateformes via des prestataires, ce qui était compliqué. Nous avons également appris à adapter nos offres aux voyageurs d’affaires en proposant, par exemple, un bagage cabine inclut dans nos tarifs car beaucoup de nos clients voyagent uniquement sur la journée. Ensuite, il a fallu apprendre à s’adresser aux Travel Managers. Nous y sommes parvenus en prenant le contre-pied et en arrivant dans les entreprises par le voyageur. Si le voyageur est satisfait, il nous demande et nous recommande. Une technique qui marche dans une certaine mesure… Cela nécessite dans tous les cas d’avoir une offre qui répond aux besoins de l’entreprise.

Quelles sont les priorités pour Easyjet cette année ? Qu’en est-il pour l’offre Business ?

Pour nous, ce qui est le plus important est le coût au siège. Avoir une structure compétitive veut dire avoir le plus de sièges à bord et nous n’avons aucun intérêt à créer une classe Business. En revanche, nous travaillons sur l’expérience voyageur et le service en proposant des boissons chaudes incluses dans le prix du billet, l’embarquement prioritaire ou la possibilité de voyager avec deux bagages. Au niveau du réseau, nous souhaitons renforcer certaines liaisons et plusieurs ouvertures de lignes sont à prévoir dont à Bordeaux et à Nantes. De nombreux investissements seront faits pour permettre à de nouveaux avions de voler et nous souhaitons augmenter nos parts de marché dans le Business Travel grâce à une approche plus commerciale.