Geos précise le statut des sociétés de sécurité privées en Afghanistan

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Le gouvernement afghan est à nouveau revenu sur le décret que le Président, Hamid Karzaï, avait adopté en août dernier prévoyant l’interdiction de l’ensemble des sociétés de sécurité privées en Afghanistan d’ici la fin de l’année. Plus d’une cinquantaine d’entre elles seront finalement autorisées à poursuivre leurs activités pour protéger les entreprises et les expatriés, à condition de respecter des règles plus contraignantes.

Geos précise le statut des sociétés de sécurité privées en Afghanistan
La signature le 17 août dernier par le Président Karzaï d’un décret imposant un bannissement total des sociétés de sécurité privées – les « contractors » – d’ici fin 2010 avait suscité un vif débat entre les autorités afghanes et les représentants de la communauté internationale. Pour les premières, ces entreprises sont responsables de nombreux dommages collatéraux, pâtiraient d’une forte impopularité auprès de la population et certaines d’entre elles auraient joué un rôle dans des affaires de corruption ou de trafic de drogue ; elles ont de plus vocation à s’effacer derrière les forces de sécurité afghanes. Pour les seconds, elles restent indispensables pour pallier aux manques de moyens et d’expérience de l’armée et de la police afghanes ainsi que pour assurer la protection d’une grande variété d’acteurs présents sur le terrain – entreprises de reconstruction, représentations diplomatiques, ONG humanitaires ou de développement. Le départ à courte échéance des « contractors » ferait peser de sérieux risques sécuritaires, si bien que de nombreux responsables avaient menacé de quitter le pays si ces entreprises devaient être interdites d’exercer.
Le Président Karzaï avait apporté en octobre dernier une première série d’amendements au projet initial en autorisant les sociétés de sécurité privées chargées de garantir la protection des représentations diplomatiques et des bases militaires de l’ISAF à poursuivre leurs activités. De nouvelles dispositions ont été énoncées par le gouvernement afghan cette semaine, laissant entendre qu’un départ à court terme de la totalité de ces sociétés serait désormais exclu. En effet, 52 d’entre elles, employées par des organismes œuvrant au développement du pays, ont formellement obtenu le droit de rester en Afghanistan jusqu’à la fin de leur contrat ; en revanche, une cinquantaine devront quitter le pays. Les conditions d’exercice des « contractors » ont été durcies : leurs employés devront désormais porter un uniforme, être accompagnés de membres des forces de l’ordre afghanes au cours de leurs missions d’escorte et ne pourront plus ni procéder à des arrestations ni inspecter des domiciles ou monter des barrages routiers ; leurs bureaux devront également être transférés en-dehors de l’enclave diplomatique à Kaboul.

La capacité de l’armée et de la police afghanes à pouvoir assurer le maintien de l’ordre dans l’ensemble du pays déterminera l’avenir des ses sociétés de sécurité privées. David Petraeus, le Commandant des forces de l’ISAF, souhaiterait reproduire en Afghanistan la stratégie de transition menée par les Etats-Unis en Irak depuis 2007, à savoir une nette hausse des opérations militaires dans les zones les plus touchées par l’insurrection suivie d’une cession graduelle des responsabilités sécuritaires aux forces de sécurité locales. La mise en œuvre de ce plan dépendra toutefois fondamentalement du niveau de recrutement, de formation et de fidélisation de ces dernières. Tant qu’un seuil jugé satisfaisant ne sera pas atteint, le recours aux sociétés de sécurité privées en Afghanistan semble donc appelé à se maintenir.

Ce texte est issu du Bureau Veille et Analyse risques Pays de Geos