Grève SNCF : il va bien falloir trouver une porte de sortie!

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Pendant que les sénateurs travaillent sur la réforme ferroviaire, le premier ministre Edouard Philippe reçoit demain vendredi les syndicats de la SNCF. Pendant ce temps, les voyageurs d’affaires affrontent le 11ème épisode de grève. La mobilisation s’épuise mais les syndicats, ragaillardis par leur consultation, refusent de baisser pavillon. Quelle porte de sortie pour cette crise qui nuit à l’économie ?

Le sujet de la dette sera demain vendredi le premier sur la table d’Edouard Philippe pour rencontrer les syndicats. Puisqu’il refuse de revenir sur l’abandon du statut des cheminots, il botte en touche et développe sur un autre sujet. Il doit détailler comment il compte reprendre 35 milliards (sur 55) de dettes à partir de 2020. Il serait aussi question de hausse des investissements et même d’une moindre hausse des péages ferroviaires pour aider la machine SNCF à aller mieux. Il a déjà abandonné de légiférer par ordonnance, un vrai recul mais qui, embrouillé dans une communication pour le moins confuse, n'a pas obtenu le résultat escompté.

Il y a urgence à secouer un peu la machine gréviste qui s’endort. Même si les syndicats se sont félicités du résultat de leur consultation, ils n’ont plus beaucoup de grain à moudre pour mobiliser et hier mercredi, dans la matinée, la direction affichait un taux de participation d’à peine plus de 14%. Autrement dit, un relatif échec qui s’explique puisqu’au 22ème jour de salaire perdu (+ les jours de congés afférents) la fiche de salaire s’étiole. Mais même si le gouvernement compte voir le mouvement s'effilocher, il va lui falloir donner davantage de gages pour convaincre. Il reste encore 7 sessions de grèves au programme et les voyageurs n'en peuvent plus !

La dette ne pourra pas être le seul sujet pour rassurer, le premier ministre compte aussi rappeler les amendements sur la table du Sénat. Le rapporteur du projet de loi Jean-Baptiste Djebbari a appelé la CFDT et l’Unsa à la "responsabilité", en présentant des amendements qui précisent le texte sur les aspects sociaux liés à l'ouverture du marché des trains régionaux. Les sénateurs veulent aussi des garanties sur l'avenir des petites lignes, ou la pérennité des dessertes TGV, nombre d'entre elles étant déficitaires, allant ainsi dans le sens des questions syndicales. Selon Hervé Maurey, qui préside la commission Développement durable, "Elisabeth Borne a fait ce qu'il faut pour que cela se passe bien" avec les Sénateurs qui, n’étant pas spécialement macronistes, entendaient faire entendre leur voix sur ce dossier, quitte à alimenter la grogne syndicale que, pourtant, ils n’apprécient pas plus.

Le Premier Ministre ne pourra pas compter sur le soutien total des élus. Chacun veut sa gare TGV, sa ligne ferroviaire et des trains plus fréquents. Qu'importe le coût, une réélection a un prix que la grève fait augmenter !

Il reste qu’il va falloir trouver le geste de « rupture », celui qui permet de contrer les jusqu’au-boutistes et convaincre les cheminots que le mouvement doit s’arrêter et là, la méthode Philippe semble en panne. Quelqu’un pour lui souffler une bonne idée ?

Annie Fave