Grèves des transports : perte de 45 à 55 millions d’euros par jour

71

Voilà qui ne va pas améliorer les comptes de la SNCF ou d’Air France. Pour le transporteur ferroviaire, ce sont 20 millions d’euros de perdus chaque jour. Pour la compagnie aérienne, 25 millions partent en fumée chaque 24 heures, sans compter les freins à la réservation enregistrés pour les prochains 60 jours.

Les pertes financières sont sèches mais au-delà, c’est l’image des entreprises qui est ternie durablement. "On finit par s’habituer aux grèves mais on cherche toujours des solutions pérennes dans le temps pour éviter d’être pris en otage", explique un acheteur du CAC 40 qui met en place depuis deux ans des alternatives à Air France. "Si je me sens naturellement enclin à soutenir la compagnie française, je ne peux pas reprocher à mes voyageurs de faire aujourd’hui le choix de Singapore Airlines vers l’Asie, d’Iberia vers l’Amérique Latine ou d’American pour les USA. Au final, comme Hop! n'est pas en grève et que la couverture européenne des low cost est excellente, on a réussi à ne manquer aucun des rendez-vous programmés en France comme à l’étranger". Une situation qu’il juge pourtant incohérente face au redressement engagé par Air France.

Les cheminots bénéficient encore d’un regard bienveillant, mais cela pourrait ne pas durer. "La dégradation du service est peu compréhensible. La direction a bon dos mais je constate que la conscience professionnelle évoquée par les grévistes n’existe plus depuis longtemps", affirme notre spécialiste des achats travel.

Si l’on ajoute les grèves des bus locaux (comme à Toulouse) ou celle des personnels des postes à Bordeaux, la facture quotidienne de la trentaine de mouvements engagés frôle les 80 millions d’euros par jour. De quoi inquiéter la CPME qui constate déjà un affaiblissement du climat des affaires et affirme que "La reprise de l’emploi constatée en ce début d’année dans les PME/PMI est interrompue depuis deux semaines". Le mois de mai qui s’annonce pourrait bien focaliser toutes les colères sociales. "Nous sommes dans un pays à la dette abyssale où le toujours plus reste pourtant de mise". Une situation sans issue pour ce DRH, persuadé que le pire est à venir.