IFTM Top Resa, trois jours pour avancer

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Dans les quelques 150 manifestations annuelles consacrées au voyage d'affaires, l'IFTM Top Résa reste sans aucun doute le plus important lieu de rendez-vous en matière de networking. Sans diminuer l'intérêt des réunions associatives ou des rendez-vous des fournisseurs de la filière, le salon de la porte de Versailles donne le ton de la saison à venir même si l'on peut s'interroger sur la réelle diversité de l'offre dans le business Travel.

Finalement plus lente qu'annoncée, la concentration des acteurs du voyage d'affaires ne semble pas d'actualité pour 2018. Si Amex GBT a fait cette année encore son marché avec HRG (l'an dernier, c'était KDS), rares sont les fusions et acquisitions dans cet univers professionnel qui reste éclaté en Europe du Sud et un peu plus concentré au Nord.

Cette diversité des offres conduit à une évidente concurrence en matière d'innovations et de développements technologiques. Si certaines TMC se sont engagées de plein pied dans les outils d'avenir, d'autres, plus prudentes, attendent que le marché bouge aussi vite que les annonces et les start-ups avant de développer les produits adaptés aux attentes des acheteurs, des Travel managers voire des voyageurs.

C'est donc tout l'intérêt de l'IFTM Top Résa que de devenir le point de passage obligé pour avancer dans ses décisions et aborder un avenir dont les contours restent encore assez flous, malgré les grandes annonces de 2018. Sans grande surprise, le salon réservera une place importante aux compagnies aériennes. Toutes ne seront pas là mais nombreuses sont celles qui feront le voyage de la porte de Versailles pour expliquer leur stratégie et leur vision. Si la notion de contrat Corporate semble définitivement acquise, c'est l'intérêt d'un tel outil qui demeure la question généralement posée par les acheteurs. On l'a vu cette année, on le verra l'an prochain, l'incapacité des entreprises à maîtriser avec justesse le coût de l'aérien risque de se renforcer, avec une évidente volonté de maintenir une relative opacité de la part des transporteurs. La norme NDC, annoncée à grand renfort de certification, n'est encore qu'un concept flou pour les clients eux mêmes. Qu'apportera-t-elle concrètement aux entreprises ? Bien malin qui peut le dire avec précision.

L'édition 2018 n'échappera pas non plus à cette question récurrente : quel avenir pour les agences de voyages ? Il y aura des conférences, des débats, des échanges sur ce sujet sans pour autant que quelqu'un puisse apporter sur un plateau une vérité toute tracée. L'agence devra séduire à tous les niveaux : qualité de l'audit, justesse des tarifs, capacités à gérer les besoins et inspiratrice des solutions de sécurisation du voyageur. On sait désormais que ce n'est pas un coût réduit des fees qui rassure l'acheteur, même si certains courent après le best buy.

Et quid de l'argent du voyage d'affaires, autrement dit l'expense, dans notre jargon anglicisant. On a vu la dématérialisation s'imposer dans l'univers de la note de frais avec pas moins d'une dizaine d'entreprises dans ce domaine. Mais au-delà, les moyens de paiement bougent peu. Il y a deux ans, une vision futuriste les avait totalement embarqués dans ses porte-monnaie virtuels. Visiblement le marché est bien plus lent que ce que l'imaginaient les spécialistes. Mais cela ne veut pas dire qu'il ne bouge pas. Les grandes batailles sont désormais engagées entre les banques et les services financiers des entreprises qui veulent s'affranchir d'intermédiaires. AirPlus l'a bien compris en proposant sa propre carte Corporate.

Enfin, le salon s'ouvre aux offres collaboratives. Impossible aujourd'hui de négliger Booking ou Uber. Idem pour le covoiturage ou les services aux voyageurs. La nouvelle génération qui voyage aujourd'hui dans les entreprises reste prudente, mais elle ne cache pas son intérêt pour ces nouveaux services, qu'elle juge bien plus pratiques que les traditionnels. L'utilisation du mobile comme outil central du voyage d'affaires ne fait que se confirmer, mois après mois, que ce soit en termes de recherche d'information ou de gestion de ses déplacements. Mais si les millénials adoptent ces services, l'entreprise est encore loin de les accepter, sauf si les offres passent sous les fourches caudines de la gestion financière, de la sécurité et du reporting.

L'IFTM Top Résa devrait donc confirmer cette idée que la mobilité s'est aujourd'hui élargie aux outils de réservation et de gestion du voyage et qu'il serait impensable pour un fournisseur de ne pas l'avoir intégrée.

Si l'on va beaucoup parler de technologie, il faudra aussi parler de process et de gain de temps réel. Multiplier les écrans pour accéder à une donnée ou bien ouvrir trois ou quatre applications pour avoir un regard plus précis sur ses voyages est désormais impensable. Et pourtant ! C'est encore le quotidien de bon nombre de celles et ceux qui voyagent pour leurs entreprises et qui, au final, confient à leur assistante le soin de leur préparer une fiche récapitulative de leur voyage. Ce retour au quasi Moyen Âge des déplacements professionnels n'inquiète pas les start-ups qui seront présentes sur le salon. Bien au contraire car leur coup d'avance se joue sur la simplicité et l'efficacité. C'est ce que le salon démontrera à tous les niveaux.

Enfin, une rencontre comme l'IFTM est aussi un lieu de savoir, construit le plus souvent autour d'ateliers et de rencontres professionnelles proposées par des "sachants" expérimentés qui maîtrisent leur sujet. Avec les Journées Internationales du voyage d'affaires, l'IFTM entre de plein pied dans cette culture de la connaissance, indispensable à tous les nouveaux arrivants.

Dans un univers professionnel où tout bouge vite, où l'on réécrit souvent le passé et où on attend de l'avenir qu'il gère finalement bien plus de problèmes qu'il n'est capable de le faire, apprendre est un mot clé. On verra vite à l'occasion de ce salon que l'homme reste le pivot essentiel du voyage d'affaires. Ce serait dommage de l'oublier.

Annie Fave