Iberia Express, le labo grandeur nature d’Air France

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Cahin caha, le nouveau business modèle des compagnies régulières se met en place en Europe. L'exemple d'Iberia avec sa version Iberia Express marque bien la rupture entre la gestion traditionnelle et le low cost. Ce que vient de faire la compagnie espagnole, malgré une très forte opposition des pilotes, démontre que l'avenir n'est plus aux situations figées mais à la réactivité sur les marchés. Un labo grandeur nature pour Air France.

Je le sais, vous êtes en train de vous dire qu'il y a autant de patrons d'Air France que de voyageurs d'affaires. C'est un peu vrai. Comme au début des années 50 où l'on affirmait que le Président de la compagnie nationale française était, de fait, le vrai Ministre des transports. On peut toujours vivre dans la nostalgie du passé même si je considère que dans ce cas, il vaut mieux tenir un magasin d'antiquités aériennes plutôt que de gérer une compagnie. L'exemple espagnol a deux vertus. La première, il démontre que l'on peut imposer une vision stratégique après avoir exploré toutes les voies de la négociation. Malgré une pression énorme, les pilotes se sont pliés aux règles de la compagnie. Les "seigneurs des airs" (c'est le nom que leur donne la presse ibérique) se sont aperçus que l'avenir allait au delà du corporatisme. Preuve d'intelligence et d'un sens poussé de l'analyse. L'autre point fort, c'est la volonté de ne plus considérer le domestique, ou les liaisons de grande proximité (moins de deux heure) comme des "sous marchés". Il y a de la demande pour un transport sec, sans fioriture à un prix "d'autobus". La nouvelle compagnie est sur le tarmac.
Faut-il pour autant imaginer que le modèle est copiable sans adaptation ? Certainement pas. En France, le train est bien plus développé qu'en Espagne et les pôles économiques bien différents. Mais l'idée est là et, sans doute a t-elle des éléments utilisables pour imaginer un service différencié sur le court et moyen courrier, le foyer de pertes de la compagnie française, et sur le long courrier. L'enjeu est aujourd'hui de savoir répondre à tous les marchés avec des outils et surtout des coûts de production calculés au plus juste. Les bases de province d'Air France répondront, en partie, à la demande des voyageurs. Mais en partie seulement car désormais la gestion est globale, mondiale et se définit au delà du continent d'activité. Les compagnies du Golfe ont bien compris cette mutation, bien avant les autres. Leur avance est colossale. Et malgré les cris d'orfraie du patron de la Lufthansa ou d'Air France, seule l'imagination peut prendre le pouvoir. Il reste à trouver la bonne idée. N'est pas Steve Job qui veut.

Hélène Retout