Icelandair candidate au rachat de Cabo Verde Airlines

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Le transporteur islandais va prendre le contrôle de la compagnie aérienne nationale du Cap-Vert, Cabo Verde Airlines, dont les pertes annuelles sont estimées à 30 millions d'euros.

Longtemps point de passage entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques, le Cap-Vert s’est lancé depuis deux ans dans une vaste restructuration de son secteur aérien, déficitaire depuis des années, qui devrait aboutir à la prise de contrôle de sa compagnie nationale Cabo Verde Airlines par le groupe islandais Icelandair. Composée de neuf îles situées au large du Sénégal, l’ancienne colonie portugaise, indépendante depuis 1975, est une destination prisée des touristes, particulièrement en hiver.

Dès son arrivée au pouvoir en avril 2016, le Premier ministre Ulisses Correia e Silva a fait de la réforme du secteur aérien une de ses priorités, avec en ligne de mire Cabo Verde Airlines (TACV), dont les pertes annuelles de plus de 30 millions d’euros constituent une charge insoutenable pour ce petit pays de quelque 500 000 habitants.

D’autant plus qu’un de ses bailleurs de fonds, la Banque mondiale, a interrompu son aide directe au budget de l’Etat et conditionné sa reprise au passage de Cabo Verde Airlines sous pavillon privé.

La gestion des vols internationaux a été confiée par le gouvernement il y a plus d’un an à Loftleidir Icelandic, filiale du groupe Icelandair, qui a franchi fin novembre une nouvelle étape en déposant une offre ferme de rachat de 51% du capital de Cabo Verde Airlines.

"Bien que le prix soit confidentiel, l’acquisition serait en partie payée par le travail déjà effectué par Loftleidir Icelandic pour la compagnie cap-verdienne", a indiqué le groupe islandais. Trente-neuf pour cent des parts reviendraient à des investisseurs institutionnels, privés ou publics, et 10% aux salariés.

La reprise de TACV ouvre de "grandes possibilités, en particulier grâce à la croissance attendue du nombre de passagers en Afrique", a souligné le patron de Loftleidir Icelandic, Arni Hermannsson, en évoquant l’acquisition de cinq nouveaux appareils.

L’archipel "redeviendrait une étape entre l’Europe et l’Amérique du Sud et entre l’Afrique de l’Ouest et l’Amérique du Nord" , a souligné M. Hermannsson, dont le groupe a récemment renoncé à un projet similaire avec Azores Airlines, après des fuites dans la presse.

En attendant, Cabo Verde Airlines poursuit sa mue. Depuis début décembre, elle relie Dakar à Sal, la plus touristique de ses îles. Cette ligne doit "permettre de dynamiser la plate-forme aérienne de Sal" , la plus moderne du pays, "d’assurer la connexion avec le continent africain et de conquérir d’autres clients" , a expliqué à l’AFP Raul Andrade, directeur commercial de la compagnie, qui dessert également le Portugal, les Etats-Unis, le Brésil, l’Italie et la France.

La restructuration, qui entraînera le départ de 250 salariés de TACV, s’est déjà traduite par la cessions des liaisons intra-îles, en déficit de 5 millions d’euros par an, à une filiale de la compagnie espagnole Binter, spécialiste jusque-là des Canaries. L’opération n’a toutefois pas fait chuter les prix, jugés exorbitants par la population. Le vol de 35 minutes entre les deux principales villes, Praïa et Mindelo, coûte quelque 180 euros.

Sous pression de la population, l’Agence de l’aviation civile (AAC) avait annoncé un plafonnement des tarifs à partir d’octobre. Mais Binter, en situation de monopole, a menacé de mettre fin aux vols intérieurs et les nouveaux tarifs n’ont pas été appliqués. Des négociations sont toutefois prévus en janvier. Alors que l’opposition criait au "chantage" de la compagnie espagnole, le gouvernement a estimé qu’il "appartenait au secteur privé de prendre des initiatives" pour relancer la concurrences et faire baisser les prix.