Il faudra bien régler la question de la fatigue des pilotes

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Evoqué depuis plusieurs années par les syndicats internationaux des pilotes de ligne, le problème de la fatigue des équipages est devenu un sujet brûlant aux États-Unis. Bien évidemment, cette question est indirectement liée à un sujet plus complexe : la sécurité des passagers. Tous les professionnels, pilotes et copilotes, affirme aujourd'hui qu'il est grand temps de revoir un sujet tabou et pourtant essentiel à l'exercice de leur profession.

Quelques jours après le crash du vol Air France 447, entre Rio et Paris, plusieurs pilotes avaient souligné que l'une des causes possibles pour expliquer ce crash était, peut-être, liée à la fatigue des équipages. Contrairement à ce que beaucoup pensent, l'ultra sophistication du cockpit, n'a pas pour autant limité l'attention que doit porter un équipage à l'ensemble des opérations de vol. Pour avoir fait un voyage dans un poste de pilotage sur un long-courrier, je peux vous dire que chaque minute est occupée à surveiller les indicateurs de vol, à engager des check-list précises et à rester en contact avec la tour de contrôle en charge de suivre l'appareil. Bien sûr, le fait d'être deux à bord est un gage supplémentaire de la sécurité demandée par les passagers et un formidable outil de contrôles croisés. Il reste que les équipages demandent aujourd'hui que soient revus les rythmes de prise de poste et que soient intégrées des périodes de repos qui prennent en compte le décalage horaire et la pénibilité du vol réalisé. Une équation complexe mais au final assez simple à informatiser.
Le 14 janvier 2009, l'agence européenne de la sécurité aérienne avait communiquer à la Commission Européenne des transports les premières conclusions d'un rapport sur l'évaluation scientifique et médicale des limitations de temps de vol des équipages aériens. Ce rapport recommandait de limiter certain temps de services au-delà de ce que prévoit la législation actuelle. Il invitait les politiques à débattre sur le sujet en engageant de nouvelles études destinées à conforter celle fournie par l'AESA. Ce fut fait en janvier 2010 et en 2011 avec les premiers jalons d'une enquête internationale réalisée auprès des professionnels de l'aérien. Toutes confortent l'idée qu'il ne s'agit pas simplement de limiter le temps de travail des pilotes mais de répartir, sur la même bas horaire, ce temps de travail. Un projet simple à exprimer mais complexe à mettre en œuvre tant il conduit les compagnies à des situations inextricables. Pourtant, il faudra bien s'y résoudre, et les passagers sont conscients de la situation, à optimiser les temps de vol pour sécuriser encore plus le transport aérien. L'Europe a décidé de s'y pencher en partageant avec les Etats Unis et l'Asie les retours d'expérience sur le sujet. Un pas de plus pour rassurer les passagers et confirmer que le transport aérien est le moyen le plus sûr au monde pour se déplacer.

Marc Dandreau