Il nous faut une Europe du voyage d’affaires

84

De retour d’Helsinki, après un déplacement à Hong Kong, j’ai croisé sur mon vol retour un français «mondial» comme il aime à se définir. Sa femme est finnoise, il vit à Londres et parcourt trois fois par mois le Monde entre Asie et Amérique. Il a gardé un petit pied à terre parisien, autant pour les affaires que pour de fréquentes visites à sa famille française. Une sorte de mètre étalon du voyage d’affaires qui connaît les business class comme certains le bar du coin. Un véritable habitué.

En deux heures de vol, nous avons échangé sur bon nombre de sujets et en particulier sur les différences de traitement du voyageur «professionnel» dans les aéroports. «Il faut penser globalisation des déplacements», m’explique mon cobaye involontaire, «Aujourd’hui, l’Europe parle de voyageurs mais je préférerais qu’elle parle aussi de voyageurs d’affaires, ceux qui représentent plus de 80% de l’activité économique européenne et près de 50% du chiffre d’affaires de l’aérien et de l’hôtellerie». Et de poursuivre : «En mélangeant les problèmes de tous ceux qui se déplacent, les dirigeants de la Communauté Européenne ont le sentiment de régler globalement les difficultés. C’est une erreur». Si la critique est juste, la solution prônée l’est tout autant : «Il nous faut un commissaire aux déplacements professionnels, capables d’intervenir dans la commission transport pour porter la voix des voyageurs d’affaires».
Il reste, et nous le constatons tous les jours, que l’Europe Latine est loin d’être l’Europe anglo-saxonne. «Faux problème», me dit mon globe-trotteur, «Citez moi une différence fondamentale dans le voyage d’affaires d’un espagnol, d’un anglais ou d’un italien ? La finalité est la même. Les outils sont identiques. Les attentes comparables». Tout est dit. Force est de remarquer qu’il reste aussi des problèmes fiscaux à régler. «Rigolade», conclut mon interlocuteur optimiste, «Une Europe fiscale va se mettre en place d’ici à dix ans. Que va t-elle changer ? Une harmonisation de la TVA, des process de déclarations simplifiées et unifiées ? Tout cela est en cours et semble facile à mettre en œuvre. Les blocages sont politiques et l’absence d’une fédération européenne des voyageurs d’affaires qui aurait une action de lobbying à Bruxelles se fait cruellement sentir». Cette fameuse Union Européenne du Déplacements Professionnels, déjà évoquée par l’Association Allemande des professionnels du Business travel, VDR, reste encore un vœu pieu. A moins que, cette fois ci, une prise de conscience du sujet ne se fasse prochainement sentir. C’est visiblement un souhait fort qu’en ce début d’année nous ne pouvions que relayer… Avec l’espoir secret d’y être associés.

Marcel Lévy