Il y a tant à Atlanta

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La première ville de Georgie est également une des capitales économiques des Etats-Unis. C’est ici que se tiennent les grands congrès américains, c’est ici aussi que l’aéroport se classe au second rang des plus fréquentés, que Delta Airlines, CNN et Coca Cola ont installé leur siège. Avec cette grande dame, le sud tient sa revanche

La démonstration est claire : un regard sur la carte des Etats-Unis et deux mots d’histoire locale valent tous les discours de présentation. Atlanta est presque à égale distance de New York, de Chicago et de Miami. C’est dire si pareille situation méritait bien un avènement. Le titre de « capitale économique du sud » lui va comme un gant, tant elle a su se distinguer de ses rivales. Pas de tourbillon perpétuel comme à Manhattan, ici on y voit surtout du brassage de vent. Pas de vertus industrielles comme à Chicago, ici, même si on porte la légende des plantations de coton, on a la conviction du service et de son avenir économique. Pas d’audaces bling bling et de frime pour magazine comme à Miami, ici on se tient à l’écart des modes, on revendique le solide, pour un peu, on construirait en pensant à l’éternité.
Cette géographie trouve sa vitalité dans l’histoire locale. C’est qu’une fois le sud vaincu par la destruction du gros bourg qu’était Atlanta (1864), il a fallu reconfigurer le paysage humain de la Georgie. Des plantations dont les esclaves sont affranchis, jusqu’aux Jeux Olympiques de 1996, il n’y a qu’un gros siècle de fulgurance économique. De l’installation de Coca Cola en 1886 au rang actuel de première ville américaine de congrès, il y a un modèle de réussite qui épate jusqu’aux ténors de Wall street.
Il passe d’abord par le changement des mentalités. Après la seconde guerre mondiale, alors que le Ku Klux Klan sévit dans tout le sud, Atlanta se rebelle, refuse la ségrégation que dénonce le plus célèbre de ses enfants, Martin Luther King. Du coup, la ville voit débarquer des milliers de Noirs qui aspirent à la normalité américaine. A partir de 1972, ils forment l’essentiel de la population et deux ans plus tard, le maire de la cité est l’un des leurs. En 2001, première américaine, une femme de couleur accède à la magistrature. Shirley Franklin est toujours en poste.
Dans un premier temps, les Blancs délaissent le centre de la ville pour ses immenses banlieues, avant d’y revenir en masse, il y a une dizaine d’années. Mais c’est sans esprit revanchard, juste le souhait de composer une harmonie nouvelle, au nom d’un destin commun, celui qui consiste à devenir la référence du sud. Avec des étoiles telles que Home Depot (chaîne de bricolage), CNN, le modèle de télévision créé par Ted Turner, Delta, la compagnie aérienne, des entreprises de téléphonie, des banques, et mille autres qui assurent la prospérité américaine du troisième millénaire. On appelle cela une démonstration réussie. Ce soir, il sera bien temps de feuilleter Autant en emporte le vent, le roman phare de la région, écrit par Margaret Mitchell, une native d’Atlanta. Avant de regarder les infos qui font référence dans le monde entier. Un Coca ? Light, of course. Tout est dit.


A faire, à ne pas faire…
* Le contact est immédiatement direct. Le « you » signifie « tu » et on s’appelle immédiatement par son prénom
* Oublier le formalisme européen. Ici, en business, on la joue direct et on parle « cash »
* L’argent, non seulement n’est pas tabou, mais il est revendiqué. Donc, ne pas hésiter à aligner les chiffres, profits compris
* Evidemment, personne ne parle le français du côté d’Atlanta
* Le conseil d’un avocat américain est quasi obligatoire durant la négociation. D’autant que votre interlocuteur est accompagné du sien
* Les affaires n’excluent pas la convivialité. Il est fréquent d’être invité à partager le week-end en famille de ses partenaires, à l’abri de leur maison de campagne. Il faudra peut-être alors se plier à l’exercice préféré du maître des lieux, jogging, pêche, golf, tennis, équitation…
* Ne jamais faire l’étonné quand vos interlocuteurs semblent ignorer où se situe exactement la France, quel est son président, qui est Zidane. L’important, ce sont les contrats, n’est-ce pas ?
* A l’inverse, la présence d’une femme, blanche ou noire, autour de la table ne fait aucune différence
* Arriver aux rendez-vous avec des dossiers parfaitement préparés, ce sera le cas de vos interlocuteurs. L’improvisation est considérée ici comme au mieux une perte de temps, au pire comme de l’amateurisme
* Côté look, adopter le formel chic. Costume et cravate pour les messieurs, tailleur classe pour les dames. L’élégance est un devoir mais ne fait pas avancer les dossiers
* En ce qui concerne la manière dont on se présente, c’est tout sourire, la grande forme, le bonheur d’être à Atlanta, le plaisir de travailler aux Etats-Unis. Bref, 200% po-si-tif
* Les journées de travail commencent tôt et se terminent de bonne heure. Rendez-vous à 8 heures, mais après 17h30, chacun retrouve son jardin, ses enfants et son jogging
* En revanche, ensuite, les soirées sont très pratiquées, mais à compter de 20h00. Excellente circonstance pour nouer des contacts. Tenue chic bienvenue
* Dans la conversation, valoriser bien entendu le combat que mène Atlanta pour être reconnue comme une des grandes du business américain, au même titre que New York, Chicago et Los Angeles. La Sudiste veut monter sur le podium
* Attention : deux cercles de pouvoir cohabitent à Atlanta, celui des afro-américains, très présents dans les affaires innovantes, et celui de l’aristocratie blanche, traditionnelle détentrice de la richesse locale. Les deux ne s’apprécient pas toujours
* Attention encore : dans la ville de Coca Cola, éviter de commander un Pepsi. Et dans celle de CNN, ne pas hésiter à signaler qu’on est un assidu de la chaîne.


Il y a tant à Atlanta
A voir si vous avez….
Une heure
Atlanta est une agglomération de surface dont le centre compose un joli bouquet de gratte-ciel. C’est ici que la ville s’est également dotée d’un vaste réseau souterrain réservé aux piétons. On y fait son shopping. L’underground Atlanta est également le lieu où bars, restaurants et clubs ont élu domicile.

Une journée
C’est le moment de revisiter ses classiques. Avec la maison de Martin Luther King (assassiné en 1968) où sont réunis tous les moments forts du combat contre la ségrégation raciale. Puis, pousser la porte du musée Coca Cola où la saga de la célèbre maison est joliment présentée, à la manière d’une légende américaine. C’en est une. Enfin, entrer chez CNN. Visite guidée en anglais et possibilité d’assister derrière la vitre à l’un des journaux de la chaîne.

Un week-end
A ce qui précède, ajouter la découverte des alentours d’Atlanta. Du côté de Macon, par exemple. Ici, pas de vin, mais la mémoire intacte des grandes plantations, de leurs maisons coloniales. Les mannes de Scarlett O’Hara y flottent délicieusement. Le dimanche, assister à une messe gospel, c’est superbe, avant de filer vers Stone Mountain Park, la montagne sculptée à la gloire des Sudistes.

Sortir le soir
Bazzaar (00.1.404.885.7505 et www.bazzaaratlanta.com). Au coin de Peachtree street et de Ponce de Leon ave, c'est-à-dire en plein centre, un immense ensemble bar, restaurant, club, le tout sur deux étages. En fin de semaine, il y a foule ! Gros avantage, chaque activité (dîner, prendre un verre, danser) bénéficie d’un espace dédié très protégé des autres.


Pratique
* L’hôtel : The Omni Hotel at CNN Center (00 1 404 321 41 74). Dans cette maison, vous y êtes. Les célèbres studios de la chaîne d’infos continues sont dans le même ensemble d’immeubles. Du reste, les stars de la chaîne adorent le bar et les fauteuils du lobby. Méthode américaine, ils sont tous parfaitement accessibles. Pour le reste, l’Omni est un des grands hôtels d’Atlanta. Donc, aucun souci pour la prestation. Compter 300 € la nuit
* Y aller. Vols quotidiens au départ de Paris assurés par Delta Airlines (0 800 354 080 et www.delta.com), la compagnie partenaire d’Air France. Le vol dure huit bonnes heures. A l’arrivée à l’aéroport international Hartsfield, bien que situé à moins de 20 km du centre-ville, il faudra compter au moins une demi-heure pour rejoindre votre hôtel et une quarantaine d’euros
* Formalités. Le passeport biométrique en cours de validité est exigé pour échapper à l’obligation du visa
* Heure. Quand il est midi en France, il est 5 heures à Atlanta en hiver et 6 heures en été
* Indicatif téléphonique 00.1.44
* Se renseigner. Il n’y a pas d’office de tourisme des Etats-Unis à Paris. Renseignements globaux sur le site www.office-tourisme-usa.fr. Le visitors bureau d’Atlanta est joignable au 00.1.44.521.66.00 et www.atlanta.net.