Japan Airlines : Un plan de reprise pour rebondir aussi en France

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Après de longs mois de turbulences qui ont fait craindre le pire à la compagnie japonaise JAL, le plan de reprise adopté mardi 30 novembre lui donne tous les outils pour revenir à la une du marché aérien japonais et international. Depuis janvier dernier, la compagnie s'est attachée à réduire ses coûts pour se redresser. Malgré un plan social drastique et une refonte complète des destinations desservies, JAL veut être présente sur le marché français et vient de lancer un Paris/Haneda. Avec 517 sièges par jour dont 119 en classe affaires, ce qui correspond à une capacité en hausse de 90 %, Japan Airlines reste positionnée sur le marché des déplacements professionnels, qui représente ajourd'hui 60 % de sa clientèle. Son développement de la vente directe, associé à une équipe parisienne très présente sur l'ensemble des marchés, lui permet d'être optimiste pour l'année 2011 qui s'annonce. Rencontre avec Isamu Jinguji, Représentant Général pour la France et ses deux collaborateurs commerciaux, Gilles Binard et Djamel Bellabaci.


Déplacements Pros : Pouvez-vous nous résumer la présence de Japan Airlines en Europe et plus particulièrement au départ de Paris ?

Japan Airlines : Un plan de reprise pour rebondir aussi en France
Isamu Jinguji : Depuis la restructuration engagée dans la compagnie, notre bureau intervient également sur le marché belge et le territoire de Genève. Au départ de Paris, nous assurons deux vols quotidiens vers Tokyo, l'un vers Narita l'autre vers Haneda et deux vols en partage de code avec Air France, toujours vers Tokyo. L'un de ces deux vols est assuré en A 380. Nous avons également une politique de partage de codes avec Air France pour les vols au départ de province, Nice, Lyon, Marseille et Toulouse. Nous avons également 14 correspondances en Europe toujours avec Air France.

Déplacements Pros : Et quelle est ajourd'hui l'approche Corporate de Japan Airlines ?

Djamel Bellabaci : Nous avons mis en place une politique de suivi des contrats avec les entreprises française qui est basée sur la réponse aux besoins qu'elles expriment. Nous sommes cependant conscients que la notion d'engagement, telle que nous pouvions l'avoir il y a quelques années, n'est plus aujourd'hui d'actualité. L'entreprise a besoin d'une très grande flexibilité tant en termes de tarifs que de disponibilités. C'est ce type de réponse que nous n'avons développé ces dernières années et qui nous permet d'apporter rapidement des solutions aux problématiques qui nous sont posées par nos clients Corporate. Nous faisons un gros travail auprès des entreprises pour expliquer et démontrer notre politique tarifaire mais également notre capacité à nous adapter à leurs attentes.

Déplacements Pros : Vous pariez beaucoup sur le développement d'Haneda ?

Japan Airlines : Un plan de reprise pour rebondir aussi en France
Isamu Jinguji : Oui parce que c'est un aéroport important au Japon. Il n'est qu'à 30 minutes du centre-ville de la capitale et Japan Airlines y est le premier opérateur domestique avec 33 destinations desservies pour 185 vols par jour. Nous y offrons également un très grand nombre de vols vers le Pacifique, que ce soit en direct ou en partage de codes comme c'est le cas avec Air Newzealand ou Cathay Pacifique.
L'accessibilité d'Haneda, les équipements proposés (salons affaires ou première), l'enregistrement rapide (en 40 minutes) et la facilité d'utilisation des zones de transit permettent aux voyageurs d'affaires de gagner du temps, que ce soit pour rejoindre Tokyo ou pour reprendre un vol vers l'Europe.

Déplacements Pros : Vous avez finalement pris la décision de rester dans OneWorld, pourquoi ?

Isamu Jinguji : Comme vous le savez, nous avons longuement hésité entre deux alliances pour finalement faire le choix de ne pas quitter celle où nous sommes. Il y a beaucoup de raisons à cela. D'abord, changer nous aurait coûté cher, ce qui à l'époque n'était pas tellement envisageable. Ensuite les perspectives d'avenir sont aujourd'hui attractives au sein de OneWorld. Avec le renforcement des relations entre British Airways et American Airlines mais aussi avec l'accord des autorités antitrust entre nous et American Airlines, nous avons de nombreuses perspectives de nouveautés pour les années à venir. Nous avons donc fait un choix raisonné qui devrait se traduire très rapidement par la mise en place de produits innovants pour la clientèle d'affaires et une grande simplicité d'utilisation de l'Alliance dans les déplacements complexes. Ce sont toutes ces raisons qui nous ont conduit à rester dans OneWorld même si l'offre de Skyteam pouvait paraître particulièrement attractive.

Déplacements Pros : Trouvez-vous que le marché entre la France et le Japon est revenu au niveau d'avant la crise ?

Japan Airlines : Un plan de reprise pour rebondir aussi en France
Isamu Jinguji : On constate aujourd'hui une très nette reprise du marché. En ce qui nous concerne, nous sommes très prudents mais nous avons un taux d'occupation entre avril et septembre 2010 qui est de 89 % soit 8 % de plus qu'à la même période en 2009. Ce résultat nous conforte dans l'idée que le vol vers Haneda est véritablement un plus pour les voyageurs français. D'autant que nous l'effectuons en 777-200, un avion qui offre 44 sièges en business vers Haneda, 40 en Premium et 193 en classe économique. Si l'on regarde notre vol quotidien vers Narita, en 777-300, nous offrons 55 sièges en affaires, 44 en Premium et 239 en classe éco. Si je précise ces chiffres, c'est pour démontrer que notre capacité vers Tokyo est suffisamment large pour s'adapter aux attentes horaires, voire même à un choix varié d'aéroports qui peut correspondre aux besoins d'un voyageur d'affaires. Je précise également que notre partenariat avec Air France permet de cumuler des miles Flying Blue même si ceux-ci ne sont pas qualifiants.

Déplacements Pros : Avez vous une démarche spécifique en matière de protection de l'environnement dans l'univers de l'aérien ?

Isamu Jinguji : Japan Airlines a été créé en 1951 et nous sommes présents à Paris depuis le 1er avril 1960. Notre histoire a toujours été respectueuse de l'environnement. Nous avons été la première compagnie aérienne au monde à mener un vol d'essai avec un biocarburant. Nous avons participé à tous les tests de descente lente et d'économies d'énergie engagés en Asie. Nous avons mis en place un grand nombre d'actions qui visent à réduire notre empreinte vis-à-vis de l'environnement. Quand nous travaillons à la mise en place d'un nouveau réfrigérant pour les boissons à bord, sans dioxyde de carbone, nous faisons en sorte de rendre l'ensemble de nos services à bord le plus durable possible. Ce travail n'est pas né de la réflexion de quelques personnes. C'est une réelle volonté de l'ensemble du personnel de Japan Airlines que d'être respectueux de l'environnement et de tout faire pour le préserver.

Déplacements Pros : Comment envisagez-vous l'année 2011 pour Japan Airlines ?

Japan Airlines : Un plan de reprise pour rebondir aussi en France
Isamu Jinguji : Globalement, nous sommes très optimistes en regardant les évolutions du marché depuis janvier dernier. Le nombre de touristes français au Japon et le nombre de Japonais qui se rendent en France a sensiblement augmenté. Nous avons engagé et développé nos relations commerciales avec beaucoup d'entreprises françaises, ce qui nous permet aujourd'hui d'avoir environ 160 contrats Corporate et de proposer une offre vers le Japon qui correspond bien aux attentes des voyageurs d'affaires. Le marché japonais est très tourné vers les univers du luxe, vers l'industrie pharmaceutique automobile. Autant de domaines où les politiques de voyages sont peu contraignantes et où nous devons démontrer que choisir Japan Airlines est une bonne décision économique. Bien évidemment, nous avons des compétiteurs sérieux, en particulier Air France avec qui d'ailleurs nous sommes en codes share, ce qui nous a conduit à mettre en place un vol de nuit, à l'aller comme au retour, qui tient compte des demandes formulées par nos clients. Sans oublier l'arrivée de notre nouveau site en français. Oui, sincèrement, nous sommes en ordre de bonne marche et optimistes.

Propos recueillis par M.L.