Je n’aimerais pas être le Travel Manager de la Fédération Française de Football

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Les récents événements de la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud démontrent que la gestion des voyageurs est loin d’être aussi simple que ne le pensent tous ceux habitués à se déplacer pour leur entreprise. Prenons l’exemple d’Anelka, rappelé en catastrophe à Londres après un léger désaccord avec son boss. Heureusement, l’intéressé ne […]

Les récents événements de la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud démontrent que la gestion des voyageurs est loin d'être aussi simple que ne le pensent tous ceux habitués à se déplacer pour leur entreprise. Prenons l'exemple d'Anelka, rappelé en catastrophe à Londres après un léger désaccord avec son boss. Heureusement, l'intéressé ne voyageant qu'en First, il n'a pas eu trop de mal à trouver une place sur le premier vol. Mais il a fallu gérer en urgence les liaisons domestiques et procéder à l'annulation de sa chambre à 529 € la nuit... Et sans doute prévenir Rama Yade de l'économie ainsi réalisée.. Quel boulot !
Compte tenu des légères frictions que nous connaissons, le Travel Manager de la FFF (Fédération Française de Football) devra aussi régler les problèmes d'incompatibilité entre les joueurs pour éviter qu'ils ne se retrouvent côte à côte au moment de l'embarquement. Il ne serait pas de bon ton que le soigneur de l'équipe de France se retrouve à côté du capitaine à qui il voulait asséner une "droite" il y a deux jours à peine ! D'autant, face à la recrudescence des incidents à bord, que je vois mal le pilote décider de revenir à Johannesburg alors que les français auraient été virés la veille par les Bafanas Bafanas. Mais le souci le plus grave sera de transporter le traître sans avouer que c'est lui tout en le faisant voyager dans un autre vol que celui de ses copains. Idem d'ailleurs pour le sélectionneur qui, visiblement n'ayant pas pu prendre le bus des bleus, aura du mal à prendre l'avion des bleus. On comprend mieux les difficultés que devra gérer la Fédération. Je passe sur le Directeur Délégué de l'équipe de France qui démissionne en direct devant les caméras sans même vérifier la disponibilité d'un avion ou la possibilité de garder sa chambre d'hôtel. Que dire des commentateurs sportifs et des journalistes spécialement attachés aux bleus et qui refusent de les rencontrer... Sauf peut-être à l'aéroport. Heureusement que cette bande de "pauvres" voyage en classe éco !

On le voit, un tout petit grain de sable peut demander des heures de travail à un professionnel du voyage d'affaires. Car il y a dans ce métier, au-delà de l'organisation pratique, un minimum de savoir-faire en matière de relations humaines. Et c'est la qu'intervient tout le talent du Travel manager. Il doit être à la fois ferme pour faire respecter sa politique voyage mais assez souple pour entendre les récriminations des voyageurs et adapter ses choix à leurs demandes. On ne le dira jamais assez, voyager entre collègues demande un minimum de tolérance. L'acceptation de l'autre pendant les deux ou trois jours que va durer le déplacement fait appel à quelques sérieuses qualités relationnelles. Je ne voudrais pas m'avancer sur ce qui s'est passé dans l'équipe de France, mais de là à dire qu'il y aurait eu dès le départ une erreur de pre-seating dans l'avion ne m'étonnerait pas. La réussite d'un voyage peut parfois ne tenir qu'à un tout petit détail.

Marcel Lévy