Je suçote, tu suçotes, il suçote en voyage d’affaires

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Selon les psychiatres, personnalités connues pour être souvent aussi dérangées que leurs patients (j’exagère un peu), le rapport à la bouche des enfants et celui des adultes est assez proche. Une sorte de mimétisme qui fait replonger dans leur prime jeunesse des quadras affirmés comme des patrons plus âgés. Et de fait, ce sont les avions qui révèlent le mieux cette situation. Rien d’étonnant, c’est comme un cocon flottant.

J’aime toujours autant ces recherches inutiles qui conduisent des gens très bien à se pencher sur des sujets sans intérêt. C’est le cas du laboratoire du comportement de L’UCLA qui s’est intéressé à ces petites habitudes que nous cherchons à cacher. Il y a quelques années, une étude comparable était consacrée aux doudous. Certes aujourd’hui, ils sont plus proches du mouchoir que de l’éléphant en tissu. Mais ils existent bel et bien chez les adultes.

En 2010, nous écrivions ici même « Le doudou, pour 17 % des adultes, reste indispensable même si leurs propriétaires le montrent peu à l'extérieur. Toutes les compagnies aériennes récupèrent en business class des oursons, des chiffons mâchouillés ou d'autres objets du même acabit rarement oubliés par des enfants ». Et bien en 2014, rien ne change. Les compagnies aériennes confirment qu’elles voient des cadres dormir le pouce dans la bouche, « tétouiller » leur doigt en regardant un film ou, pour les femmes, se tordent les extrémités des mèches de cheveux comme le ferait une ado amoureuse.

Au-delà, il y aurait les valeurs sûres comme le stylo et depuis peu le bâton de réglisse synthétique qui contient des extraits de plante susceptibles d’apaiser le voyageur pendant un vol. Mais le moins surprenant, et le plus logique, c’est la relation à la nourriture dans un avion ou 68% des personnes affirment dévorer deux fois plus qu’au sol. Phénomène connu qui mélange l’ennui et une perception du goût parfois prononcée. Et tout y passe. Y compris les piques à olives que l’on retrouve mâchouillés entre les fauteuils.

Et c’est là le dernier point étudié : la honte ! 89% affirment être honteux quand ils sont surpris le pouce dans la bouche ou un doudou dans les mains. Tous sont formels, l’inconscient prend le relais et explique que le geste se fait naturellement et que seul le regard de l’autre l’interrompt. Faudra que j’en parle à mon pédiatre.

Hélène Retout