Jean Louis Baroux adresse une lettre ouverte à Mr Patrick Gandil, Directeur Général de l’Aviation Civile française

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Cette semaine, Jean Louis Baroux, interpelle à voix haute le Directeur Général de l’Aviation Civile française. Ses remarques, judicieuses, concernent la grève des contrôleurs aériens. Une lettre ouverte qui ne manque pas de bons sens.

Jean Louis Baroux adresse une lettre ouverte à Mr Patrick Gandil, Directeur Général de l’Aviation Civile française
Monsieur le Directeur Général,

Le 23 septembre dernier les contrôleurs aérien se sont une fois de plus mis en grève pour, si j’ai bien compris, protester contre la réforme de retraites. A cette occasion 50% des vols ont été annulés à Orly et Roissy, la proportion sur les autres grands aéroports français à du être identique. Cette situation me conduit à formuler certaines réflexions.

D’abord on ne voit pas très bien pourquoi ce motif de grève, puisqu’autant que nous le sachions, les contrôleurs partent à la retraite au plus tard à 57 ans. Ils ne sont donc pas touchés par les mesures qui affectent le reste de la population.

Comme d’habitude, le nombre de grévistes n’a pas du excéder 30% des effectifs. Or le nombre de contrôleurs en France est trop important si l’on en juge par les ratios comparables dans d’autres pays étrangers : un contrôleur français traite 39% du volume de ses homologues américains, 30% du volume allemand et 25% de celui du Royaume Uni. Dans ces conditions on pourrait penser que même avec 70% des effectifs, il devrait être possible d’écouler le trafic normal, d’autant plus que le 23 septembre n’était pas une journée de pointe de trafic.

Je m’étonne, par conséquent qu’il ne soit pas possible de retraiter les plannings de travail pour compenser les absents.

Vous êtes très conscient de l’état d’esprit particulièrement corporatiste des contrôleurs aériens français. Il devient tout à fait anormal que cette attitude entraîne les conséquences que l’on a constaté. Il ne suffit pas d’informer les compagnies aériennes la veille du conflit du nombre de vols qu’elles devront annuler. Il est de votre responsabilité de faire en sorte que le service payé par les passagers et les compagnies aériennes soit délivré et que le programme habituel puisse être exécuté.

S’exonérer de responsabilités sous le prétexte que certains de vos salariés ne souhaitent pas venir travailler est trop facile. C’est à votre encadrement à trouver une solution décente pour respecter la qualité de service que vous devez à vos clients. Après tout ce sont eux qui paient les salaires et les frais de fonctionnement de votre organisation.

Certes la grève est légale depuis 1984, rappelons qu’elle ne l’était pas avant pour les contrôleurs aériens. Ce n’est pas une raison pour que la prestation due aux clients compagnies et passagers, ne soit pas rendue.

Monsieur le Directeur Général, vous ne pouvez plus rester passif et seulement constater, comme vous l’avez fait devant une Commission Sénatoriale que vous devez composer avec un climat social difficile. Vous devez plus que cela à vos clients, même si ces derniers n’ont pas de possibilité de se tourner vers un concurrent.

Ce ne sera certainement pas facile, et c’est pourquoi je vous souhaite bon courage pour qu’enfin la DGAC fournisse la prestation attendue par les compagnies aériennes et leurs clients.

Je vous prie de recevoir, Monsieur le Directeur Général, l’assurance de ma haute considération.

Jean-Louis BAROUX