L’ANAé aurait rappelé les règles de l’appel d’offres à ADP

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Curieuse affaire que celle discrètement évoquée par les membres de l’ANAé à propos d’un appel d’offres lancé par ADP pour l’équipement des aéroports de Paris au moment des fêtes de fin d'année. Si l’association n’a pas souhaité s’étendre sur une pratique qui l’a conduit à saisir par courrier la Présidence de l’entreprise publique, elle en profite sur son site pour rappeler les règles en la matière… mais reste discrète sur les devoirs de l’acheteur.

Au-delà de l’affaire ADP, close semble t-il mais largement commentée dans le métier, le "relationnel" reste de mise dans un univers ou l’affectif prend le pas sur le rationnel. "Il m’est arrivé de dire à une entreprise que j’appréciais comment faire pour bien se placer dans un appel d’offres pour un séminaire de 600 personnes", explique un acheteur d’une entreprise du CAC40 qui veut garder l’anonymat (on le comprend), "Mais j’ai toujours eu le sentiment de le faire dans l’intérêt de ma société car je trouvais ce fournisseur plus compétent que les autres". Doit-on retirer l'approche humaine de l'appel d'offres ? "Certainement pas", explique Serge Tapia, qui dirige l'agence «Au service de l’événement», "Mais il faut toujours dépasser l'humain pour juger de l'intérêt global d'une proposition. Ce n'est pas simple, je le reconnais".

Autre interrogation : la protection des idées et des contenus lors d’un appel d’offres ? A cette question, les réponses sont multiples. Pour Serge Tapia, les bonnes pratiques existent pour éviter le détournement d'idées, mais elles sont parfois bousculées : «Personne ne peut se prétendre propriétaire d’une idée, tout au plus peut-on déposer des éléments visuels et graphiques. Idem pour le prix, la confidentialité est toute relative même si chacun s’efforce de la faire respecter».

Sur son site, l’ANAé fait preuve d’optimisme sur ces sujets en annonçant : “Ensemble, nous souhaitons entraîner le marché français dans une démarche durable et de progrès, assurant que transparence, responsabilité et sincérité prévaudront dans les processus d’appel d’offres.”. Une déclaration faire à l’issue de la signature d’une charte de bonne conduite signée entre les l’AACC (Association des agences-conseil en communication), l’ADC (Association design conseil), LE SYNTEC Conseil en Relations Publics, l’UDECAM (Union des entreprises de conseil et achat média), l’UDA (Union des annonceurs) et bien évidemment l’ANAé (Association des agences de communication événementielle). Et l'ANAé de préciser sa vision : «L’appel d’offres est un moment clé de la relation entre une entreprise et une agence. Quelle que soit la spécialité de cette dernière, il engage de part et d’autre, du temps, des ressources financières, des idées et un savoir-faire très importants. Il méritait que tous ensemble, nous proposions un outil qui fasse toujours de l'appel d’offres une belle compétition»

Pour Michel Bensadoun, le patron de la Fonderie, et ancien Président de l’ANAé, «Il ne saurait y avoir de compétition sans respect des règles car elles seules garantissent le savoir-faire d’une entreprise lors d’un appel d’offres». Et de conclure: «On a vu dans les pays où règne l’anarchie, c’est le client qui sort perdant d’une compétition à couteaux tirés».