L’Europe va-t-elle réellement oublier sa taxe carbone ?

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La semaine du développement durable qui commence ce 2 avril devrait avoir le mérite de nous éclairer sur les bonnes pratiques écologiques que doit adopter l'entreprise, tant dans son organisation que pour son personnel. Les effets du "grenelle de l'environnement" sont encore si complexes à comprendre que la loi met du temps à trouver sa place. Mais au delà des effets de manches électoraux, ce sont bien les visions politiques qui risquent de semer le trouble chez les voyageurs.

Du vert à tous les étages, voilà l'idée bien séduisante que veulent nous vendre certains politiciens peu connaisseurs de la vie économique, mais avec des mesures radicales. Taxer l'aérien, taxer le train, taxer les déchets industriels et les poubelles des sociétés sans oublier une taxe supplémentaire sur le coût de l'essence au titre de l'exploitation des ressources de la planète... N'en jetez plus, la coupe est pleine. Il reste que les européens vont payer ici et là, mais sans doute pas les autres : discrètement, l'Europe veut bien finalement rediscuter de la taxe carbone et envisage même de la modifier pour la rendre inopérante. Chinois, indiens ou américains se disent prêts à cette discussion que le patron du très américain DOT (Department Of Transport) qualifie d'essentielle à la bonne marche du transport aérien, s'étonnant même qu'il faille autant de temps pour se rendre compte de l'inintérêt de la décision européenne. Au final Bruxelles pourrait se contenter des bonnes intentions écologiques des pays concernés par les vols vers l'Europe. Le geste peut surprendre mais les enjeux sont si importants que s'isoler du reste du monde, en cette période de crise de l'euro, aurait des conséquences dangereuses pour notre économie. L'Europe devrait donc céder. Mais au delà de cette possible décision, l'Europe veut à la place imposer aux européens d'être encore plus écolo qu'écolo. En deux mots, la communauté verrait bien la mise en place d'une taxe sur les déplacements de ses ressortissants. Rien de très élevé, à peine un ou deux euros par voyage, au titre de la compensation des émissions de CO2. Il fallait y penser. D'autant que le projet viserait les compagnies aériennes qui, une fois de plus, joueraient le rôle de collecteurs de taxes pour l'Europe. Faute de n'avoir pu prendre de l'argent aux compagnies non européennes, voilà que l'on se retourne vers nos propres voyageurs. Sale temps pour le business.

Marcel Lévy