L’ITB à Berlin voit le voyage d’affaires mobile et dématérialisé

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En ouvrant ses portes hier mercredi 9 mars à Berlin, le plus grand salon européen du voyage n'a pas fait l'impasse sur le voyage d'affaires. Conférences, présentations technologiques et rencontres avec des experts confirment le constat né il y a quelques mois : la mobilité et la dématérialisation sont les deux voies de développement du business travel. Une évolution dont on perçoit mieux aujourd'hui les contours, mais qui devrait bousculer les agences de voyages et modifier profondément le travail des acheteurs et des mobility managers.

Utiliser la technologie pour maîtriser au mieux les déplacements professionnels, l'idée n'est pas nouvelle mais l'optimiser pour rendre l'accessibilité à l'offre plus simple et conforme aux politiques de l'entreprise, voilà la seconde étape qui semble se mettre en place. A l'ITB on ne revient plus sur la volonté de rendre le voyage "ticket free" et ce, même pour les transferts en taxi (comme en navettes ou en bus) voire pour les repas ou les dépenses courantes du voyageur d'affaires. Que ce soit via le téléphone portable ou la réservation numérique généralisée, tout semble se mettre en place pour améliorer la fluidité du voyage. Comme toujours, ce sont de petites officines qui donnent le ton de ces changements. Systèmes de réservations de tables de restaurants, paiement sans contact d'un taxi ou d'une navette, gestion du dossier voyage via le smartphone... Tous les outils existent et se mettent en place. "Ils complètent ce qui existe déjà dans les SBT en matière d'aérien ou d'hôtellerie", explique Mathias Gerber, consultant pour Astrad, "Nous pensons que l'on devrait arriver à une maîtrise financière du voyage avant même qu'il ne soit réalisé. On devrait avoir une sorte de reporting inversé qui permettra de juger si le déplacement qui s'engage est conforme aux dépenses estimées". Déjà des entreprises américaines proposent des bases de données d'hôtels et de restaurants implémentées par destination et capables de donner une approche précise du coût global de la mission. "Mais nous irons plus loin avec le sans contact", poursuit Mathias, "Le système fonctionne dans les deux sens, il gèrera le règlement instantané sans sortie d'argent liquide et en transmettra une copie à l'entreprise. On pourra à la fois suivre les dépenses en temps réel mais intervenir par alertes sur celles qui ne sont pas définies dans la politique voyage de l'entreprise". Vision futuriste ? certainement pas selon les experts présents à Berlin.
Ce qui est acquis, c'est que toutes ces nouvelles approches devraient fortement bousculer les habitudes de travail des Travel Managers qui seraient peu enclins à intégrer les nouvelles technologies dans leur entreprise, "Et le prétexte de la taille ne sera même pas une bonne excuse" conclut Mathias, "car plus le nombre de voyageurs est important, plus la technologie est un support actif de la gestion". Autres victimes collatérales de ces évolutions : l'agence de voyage dont on sait qu'elle devra aller plus vite que ses clients pour être à la pointe de services novateurs. Avec à peine 19 à 26 % de voyages complexes (en fonction des continents), selon les compagnies aériennes - un chiffre en baisse constante - il est clair que simplifier et économiser deviendront les deux mamelles professionnelles de l'acheteur voyages. Une évolution qui pourrait vite devenir une révolution.

A Berlin, Marcel Lévy