La France et ses aéroports

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La France compte 108 aéroports ouverts à la navigation aérienne. Voilà une couverture que beaucoup de pays pourraient nous envier. Mais la répartition du trafic est particulièrement inégale, jugez-en plutôt. Aéroports de Paris (ADP) se taille bien évidemment la part du lion avec près de 55 % du trafic français et un volume supérieur à 101 millions de passagers en 2017. Loin derrière 5 plateformes régionales totalisent ensemble près de 50 millions de passagers soit près de 27% du trafic. Il s’agit sans surprise de Nice, Lyon, Toulouse, Marseille et Bâle-Mulhouse. Et les 75 autres aéroports se partagent le solde soit 4,5% du trafic.

Le constat est sans appel : la concentration du trafic sur quelques équipements ne peut être favorable au développement des petites agglomérations. Cela est d’autant plus regrettable que ces aéroports sont parfaitement entretenus et qu’ils seraient susceptibles d’accueillir un trafic qui serait le bienvenu pour nombre de villes. On peut d’ailleurs se demander pourquoi la SNCF qui, après tout, a pour mission de faire déplacer des passagers, n’utilise pas ces possibilités pour remplacer nombre de trains qui circulent à vide ou presque et qui par conséquent coûtent une fortune pour un service somme toute assez médiocre. Je plaide pour la création d’une nouvelle compagnie régionale qui pourrait s’appeler « SNCF by Air » et qui, avec une flotte d’ATR pourrait fabriquer un produit de qualité en utilisant d’ailleurs les gares pour effectuer les enregistrements des passagers. Ainsi cela économiserait certainement de l’argent tout en reliant ces villes aux grands systèmes mondiaux en assurant ainsi la promotion internationale des agglomérations sélectionnées à peu de frais.

Bon mais comment les autres grandes plateformes se positionnent-elles vis-à-vis de leurs concurrents étrangers ? En fait tout dépend des points de comparaison. En règle générale, nos aéroports sont convenablement équipés et ils sont d’un niveau supérieur ou équivalent à nombre d’autres. Je pense en particulier à leurs homologues italiens, voire européens à la notable exception des aéroports espagnols et à ceux de l’Amérique Latine sans compter nombre d’africains. Est-ce pour autant satisfaisant ? Certainement pas. Car la comparaison avec les plateformes asiatiques, ou celles du golfe ne sont surtout pas à notre avantage. Soyons clairs, quand on arrive de ces pays et je reviens dernièrement de Mascate, par exemple, on a la désagréable impression d’arriver dans une contrée pauvre et à tout le moins peu développée. Or l’aéroport est le premier contact avec un pays, c’est là que le voyageur recueille sa première impression. Eh bien celle laissée par les grands équipements parisiens est tout simplement désastreuse.

Alors, me dira-t-on, il faut bien faire avec les installations existantes. Certes, les terminaux parisiens datent de quelques années, Roissy a par exemple été ouvert en 1971, et les constructions sont totalement disparates. Et Orly n’est pas en meilleur état. Eh bien pour le moment on fait du rafistolage qui a pour le moins deux inconvénients : d’abord un incroyable inconfort et pour les passagers et pour les compagnies utilisatrices et ensuite un prétexte pour ne pas entamer les grands travaux nécessaires. Bref on voit petit alors que l’accès majeur à la France, nécessiterait tout de même de manifester une plus grande ambition.

Oh bien sûr on envisage très sérieusement maintenant la création d’un nouveau terminal d’une capacité de 40 millions de passagers, ce qui n’est pas rien, convenons-en pour traiter le surcroit de trafic à Charles de Gaulle. Je rappelle que Roissy était conçu pour 56 millions de passagers, selon les affirmations de Claude Gayssot l’un des ministres de transport marquants et qu’il a déjà accueilli 71 millions de passagers en 2017 sur l’ensemble de ses 9 terminaux. Seulement si je comprends bien, la construction de ce nouvel équipement ne sera terminée qu’en 2037, c’est-à-dire dans presque 20 ans. Autrement cela illustre le mal français qui pense trop petit, trop étriqué et qui allonge à l’excès les délais.

Or il faudra pendant ce temps développer d’autres services. L’évolution des relations entre les transporteurs « low costs » et les compagnies traditionnelles obligera certainement les aéroports à créer un service pour assurer la correspondance des passagers qui ne pourra plus être traitée par les compagnies de nature différente. D’autres services seront d’ailleurs à créer pour faciliter la circulation des clients. En fait les aéroports français devront travailler le détail à défaut de pouvoir créer les grands équipements. Quand je dis détail je pense aussi à la propreté des parkings et des aires extérieures, entre autres.

Un aéroport est un vecteur majeur de l’image d’un pays. Il est urgent que les français se montrent à la hauteur de l’enjeu.


Jean Louis BAROUX