La France va-t-elle s’arrêter de travailler à partir du 12 octobre ?

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Chaque jour apporte son lot d'annonces en matière de grève illimitée ou partielle à partir du 12 octobre prochain. Les métros, les trains, les avions d'Air France, sans doute les contrôleurs aériens, et plus d'une dizaine de services publics différents se mettent en ordre de bataille pour affronter un projet gouvernemental qui semble désespérément ficelé. Toute cette stratégie de combat pourrait être intéressante s'il n'y avait pas au final celles et ceux qui, tous les jours, utilisent les transports dans le cadre de leurs activités professionnelles.

Difficile de ne pas voir, dans le vocabulaire utilisé aujourd'hui par les grandes centrales syndicales, l'amorce d'un conflit sérieux qu'ils souhaiteraient sûr et tenace. Les souvenirs de 1995 et 2003 remontent à la surface. Certes, le projet de retraite inquiète mais tous les spécialistes le disent : il est bien en deçà de la réalité économique que nous aurons à affronter dans quelques années. Quels que soient les sentiments politiques des experts, force est de constater que ce qui est proposé aujourd'hui sera de fait remis sur le tapis dans quelques années. Et chacune de ces relectures de la loi viendra peser encore plus lourdement sur nos épaules et celles de nos enfants. Ainsi va la démographie.
Il ne m'appartient pas de deviser ici sur une quelconque vision politique du projet. Dès mardi matin, des salariés de grandes et petites entreprises françaises vont se retrouver bloqués dans une tâche simple, qu'ils effectuent toute l'année : représenter leur entreprise en Europe comme dans le monde entier. Bien sûr, quelques petits malins trouveront les places d'avion nécessaires à leur départ et galèreront quelques heures dans les allées d'un aéroport à attendre le vol qui leur permettra enfin de quitter un pays qui vivra pendant quelques heures ou pendant quelques jours au ralenti. Le problème du service minimum reste finalement entier. Si les explications parfois confuses du gouvernement nous laissent croire qu'il est désormais totalement appliqué, la réalité nous démontre que nous en sommes encore loin. Et la question se pose d'autant plus cruellement que l'on ne sait pas très bien quand la grève se terminera.
Si l'on en croit encore les commentaires syndicaux, qui affirment être largement soutenus par les salariés des entreprises publiques, nous pourrions bien être partis pour un mouvement long et fortement pénalisant. Le Travel management se retrouvera alors dans une situation de crise comparable à celle qu'il a connue ces derniers mois. Il faudra mettre en place des alternatives aux déplacements professionnels même si, et c'est certain, tout cela n'est pas très bon pour notre activité économique. Est-ce politiquement incorrect de le dire ?

Marc Dandreau