La SNCF rattrapée par un passé qui ne lui appartient pas

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L’affaire risque bien de faire du bruit, en France comme aux Etats Unis. Selon le Los Angeles Times, Bob Blumenfield, député à l’Assemblée de l’Etat de Californie, veut faire la lumière sur le rôle de la SNCF dans le transport des juifs lors de la seconde guerre mondiale. A la clé, la participation de la […]

L'affaire risque bien de faire du bruit, en France comme aux Etats Unis. Selon le Los Angeles Times, Bob Blumenfield, député à l'Assemblée de l'Etat de Californie, veut faire la lumière sur le rôle de la SNCF dans le transport des juifs lors de la seconde guerre mondiale. A la clé, la participation de la compagnie française dans l'appel d'offres sur la ligne à grande vitesse qui pourrait relier San Diego à San Francisco.
Dans le contexte du bras de fer économique entre européens et américains, tous les moyens sont bons. Les déclarations de l'élu californien sont soutenues, voire amplifiées, par un grand nombre de politiciens locaux et d'associations de citoyens. D'autant, comme le fait remarquer le journaliste du LAT, qui reprend l'information publiée dans le Financial Time, que "L'Amérique a aujourd'hui des relations économiques soutenues avec le Vietnam malgré les horreurs relevés dans les deux camps".
Ce n'est pas la première fois que l'histoire s'invite dans des relations commerciales. La Chine a pendant longtemps refusé l'aide du Japon. En cause, les exactions nippones pendant la seconde guerre mondiale. Que dire de la France qui a fait de l'Allemagne le premier fournisseur et client de notre économie, si ce n'est qu'elle a su faire preuve d'intelligence pour se rapprocher de son voisin immédiat. L'attaque menée contre la SNCF est choquante pour ne pas dire déplacée. Même si la barbarie nazie a utilisé l'industrie française et ses moyens de transport pour assouvir ses crimes, le droit au pardon, qui ne gomme pas l'oubli et valorise le souvenir, se doit d'être appliqué. Sans lui, le souvenir n'est qu'une haine entretenue, sans intérêt ni finalité. Bob Blumenfield reconnaît que le contrat de 43 milliards de dollars ne peut aller à des entreprises "sans valeur, ni tradition". Une excuse bien plate si l'on regarde les autres compétiteurs potentiels : le Japon et l'Allemagne, loin d'être sans reproche il y a plus de 50 ans.

Marc Dandreau