La biodiversité au coeur de Roissy CDG

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Les voyageurs d'affaires qui transitent par l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle n'en ont sans doute pas conscience mais la plateforme, avec ses espaces verts, constitue une vraie ressource pour la biodiversité. L'association Hop!Biodiversité y a recensé 159 espèces de plantes dont 3 espèces d’orchidées, 78 espèces d’oiseaux, 21 espèces de papillons, 13 espèces de mammifères dont 7 espèces de chauve-souris.

Démarré en 2013, l'association Hop! Biodiversité compte 13 aéroports adhérents et c'est sur l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle qu'elle a réalisé début juin, une journée de collecte de données des protocoles biodiversité. Au programme de cette journée inédite, l’observation des espèces animales et végétales présentes sur cet aéroport, la découverte d’une vie aussi méconnue que surprenante sur le lieu de travail et l’intégration de cette biodiversité préservée à la gestion courante de la plateforme.

L’association s’est donnée pour but d’identifier, de protéger et de valoriser la biodiversité présente sur les prairies aéroportuaires dans le respect évident des règles de sécurité. Ces richesses sont aussi méconnues que leur préservation est importante. Hop! Biodiversité travaille sur le "doublet sud" de l’aéroport, un espace d’une dizaine de km2 dont 57 % sont des espaces verts. En plus des prairies, l’aéroport possède un vaste bassin de récupération des eaux et une petite forêt riveraine. Ces espaces semi-naturels, de plus de 5 km2, représentent un potentiel important en matière de biodiversité que l’association tend à évaluer voire à enrichir.

Depuis l’année dernière, l’association a mis en place à l’Aéroport de Paris-Charles de Gaulle un ensemble de protocoles scientifiques élaborés par la science participative :
• Le suivi des petits animaux des « Planches à invertébrés » ;
• Le suivi des abeilles solitaires via « Nichoirs à pollinisateurs » ;
• Le suivi des lépidoptères via « Transects Papillons » ;
• Le Suivi Photographique des Insectes Pollinisateurs (SPIPOLL) ;
• Le suivi des chiroptères via « Vigie-Chiro Point Fixe » ;
• Le suivi des oiseaux via « Indices Ponctuels d’Abondance » ;
• Le suivi des hauteurs de végétation et présence d’oiseaux selon ces hauteurs.

Depuis le début de la collaboration, l’Aéroport de Paris-Charles de Gaulle a aménagé les fréquences et la hauteur des fauches. Outre le bienfait pour la biodiversité, le maintien d’une certaine hauteur de végétation empêche les rapaces d’apercevoir leurs proies au sol et permet ainsi de réduire les risques de collision entre les oiseaux et les avions.

La biodiversité urbaine insoupçonnée de l’aéroport

Le but du projet n’étant pas d’obtenir rapidement des inventaires exhaustifs, HOP! Biodiversité met avant tout un point d’honneur à faire prendre conscience de la richesse des écosystèmes présents et des services qu’ils rendent. C’est toute la force de la science participative.

Ainsi, en effectuant ses comptages de papillons dans les prairies qui jouxtent le bassin des Renardières, l’association a dénombré en 2017 une abondance moyenne des lépidoptères 5 fois supérieure à la moyenne nationale pour le même protocole en prairies, et une diversité 2,5 fois plus importante. Sous une planche à invertébrés, les scientifiques ont fait la surprenante découverte d’un crapaud accoucheur. En ce début d’été, les abeilles maçonnes dites osmies ont commencé à pondre leurs œufs dans les nichoirs à pollinisateurs. Sur l’aéroport, les fameux oiseaux en chute d’effectifs dans les campagnes sont tous présents : alouette des champs, linotte mélodieuse, perdrix grise et rouge, caille des blés, chardonneret,...

Roland Seitre, Directeur de Hop! Biodiversité, a déclaré : "Les terres de l’Aéroport de Paris-Charles de Gaulle ne sont ni labourées, ni traitées aux insecticides, ce qui favorise le cortège de la biodiversité. Nous sommes heureux de pouvoir ainsi observer une faune et une flore variées pour la deuxième année consécutive au sein du plus grand aéroport de France et avec des personnels variés. En continuant à reproduire mois après mois les mêmes protocoles, cette recherche permettra d’assurer le suivi dans le temps et d’effectuer la comparaison avec les données récoltées ailleurs dans la région. Nous remercions Paris Aéroport et les participants au programme pour leurs actions et leur engagement en faveur de la biodiversité".