La chance que j’ai de n’avoir que des héros autour de moi

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Depuis que les avions volent à nouveau, je suis assailli par des héros de tout poil. Tous m’expliquent, à longueur de communiqués de presse, à quel point ils étaient sur le pont (parfois même avant la crise !). A quel point ils avaient anticipé les problèmes. Et comment aujourd’hui, tels "superman", ils sortent du bois […]

Depuis que les avions volent à nouveau, je suis assailli par des héros de tout poil. Tous m'expliquent, à longueur de communiqués de presse, à quel point ils étaient sur le pont (parfois même avant la crise !). A quel point ils avaient anticipé les problèmes. Et comment aujourd'hui, tels "superman", ils sortent du bois pour mieux nous assister. Pourquoi pas. Mais en interrogeant les voyageurs de retour en métropole, on se rend compte que le terrain est moins lisse que les promesses de papier. Comme me l'expliquait un patron d'entreprise, "L'information fournie par Air France à Tokyo était différente de celle donnée à Paris". A croire qu'il y avait deux "Air France" qui ne se connaissaient pas. Je dis Air France, mais je pourrais citer bien d'autres compagnies dans le même cas !
Si l'on peut épiloguer pendant des heures sur les raisons et les conséquences de la crise, on sait déjà que la communication, à l'époque d'internet et de l'instantanéité des mobiles, ne ressortira pas grandie d'une situation où chacun s'attendait à trouver des réponses simples à des questions simples. De fait, on peut se demander à quoi servent les cellules de crise. Pourquoi n'est-on pas capable de dire quels seront les vols qui pourront très vite repartir, une fois donné le feu vert des autorités locales. Quand on entend que des voyageurs seront encore bloqués au moins cinq ou six jours au bout du monde, on se demande où est l'erreur dans l'expression "transport aérien". Je ne reviendrais pas sur l'attitude abjecte et "jusqu'au-boutiste" de certains syndicats. Comme nous l'écrivait un lecteur, "Les cheminots devraient apprendre la valeur du mot solidarité avant de solliciter celle des français". Démagogie ? Peut être mais lorsque l'on est coincé à Nice ou à Marseille, un geste suffit parfois à faire passer la pilule.
Et puis au milieu de ce flot de bonnes intentions, il y a ceux qui nous expliquent que, pendant trois jours... Ils ont fait leur travail. Certains sont même restés des heures pour aider les voyageurs. Que des héros, je vous dis ! Mieux, ils veulent nous faire savoir qu'ils ont fait leur travail (normal, ils sont payés pour) et que cette simple attitude attendue vaut médaille. Alors, moi aussi j'y vais de ma gloriette. Nous avons suivi en temps réel l'actualité (une vraie montée d'adrénaline pour un journaliste) et vous avez été près de 20 000 visiteurs le samedi et plus de 14 000 le dimanche. Quoi, vous n'êtes pas ému? Pourtant, nous aussi nous sommes des héros. Comme Tintin!

Marcel Lévy