La data, l’avenir est dans la data !

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On la sent, la ressent, on l'attend… La mutation technologique du voyage d'affaires est en marche. Faut-il pour autant penser que ce que nous vivons aujourd'hui n'est que le balbutiement de ce qui nous attend demain. On pourrait le croire à en juger les offres technologiques qui sont annoncées par les grandes entreprises spécialisées dans les bases de données. D'autant, et tous les spécialistes le disent, que l'élément clé du futur technologique reposera sur la data. Ou si vous préférez sur des informations, compatibles avec l'ensemble des systèmes et exploitables à l'infini.

Bon nombre de responsables des achats dans le monde du voyage d'affaires évoquent souvent le "profil" comme l'élément clé de toute gestion avancée des voyageurs. Un profil, n'est rien d'autre qu'un ensemble de données relatives à une personne avec comme particularisme les avantages auxquels le voyageur a droit, ainsi que les différents éléments comptables qui y sont rattachés. Il y a quelques jours, en publiant ici même une présentation d'Odyssée le portail de Véolia, on a vu que la data était essentielle à la gestion comptable, l'émission du billet, le reporting voire même l'analyse prévisionnelle des déplacements. Une seule donnée, identique, pour un ensemble d'actions. Reste qu'à ce jour, la data n'est pas unique dans sa forme numérique. Personne d'ailleurs n'a intérêt à la rendre unique. Chaque entreprise, qui utilise des outils de développement souvent identiques, fait en sorte que cette data reste propriétaire. Les développeurs ne créent que des passerelles entre les données du client et les autres outils informatiques. Cette situation vit sans doute ces dernières heures. Impensable d'imaginer que ceux qui financent les développements acceptent de ne pouvoir en utiliser les résultats comme bon leur semble. Oracle, grand spécialiste des bases de données vient d'ailleurs d'annoncer la portabilité totale des données de ces systèmes avec celle de ses concurrents. C'est le coup d'envoi de cette universalité numérique dont le codage et l'exploitation feront l'objet de colloques normatifs. Pour l'heure, il ne s'agit que d'un premier pas. Un petit pas. Mais les conséquences de la mise sur le marché d'une data universelle sont redoutables pour bon nombre d'entreprises, les GDS en premier. Accéder automatiquement aux ordinateurs d'une compagnie aérienne ou d'un loueur de voitures par simples codes d'accès à la base de données va bouleverser les dialogues commerciaux. Dépassés les intermédiaires. La libre circulation de l'information sous une forme numérique prédéterminée est inéluctable. Aussi, certains considèrent même qu'elle n'est pas acceptable. On le voit bien dans la réaction des GDS face au choix d'American Airlines de les contourner. Tous les clients le disent : échanger des informations capitales (le voyage entre autres) entre l'ensemble des services de l'entreprise, ou même des partenaires externes est devenu une réalité que l'on touche du doigt sans pouvoir mettre de date sur sa réelle disponibilité. L'enjeu est la et l'avenir s'en accapare. La marche en avant est engagée, il suffit désormais d'un peu de patience.

Marcel Lévy